J’ai connu le PS quand il était encore un parti de vrais militants. A cette époque, hors deux ou trois départements, les sections n’avaient pas de “cartes” qu’on ne voyait qu’aux votes d’investitures ou de congrès et désignaient ceux qu’elles pensait les meilleurs pour aller aux élections. Ce parti avait des positions dont nous étions fiers et, en dehors des campagnes électorales, nous étions aussi à côté des “gens” concernés chaque fois qu’ils rencontraient des problèmes.
Localement, nous soutenions les revendications que nous jugions progressistes, nous participions aux comités de lutte ou de coordination quand nous n’étions pas à leur initiative. Dès qu’un mécontentement localisé pointait, les militants arrivaient, écoutaient, envisageaient avec les concernés les voies et moyens pour obtenir satisfaction au mieux et au plus vite, et d’abord en cherchant à mobiliser le plus largement possible le reste de la population, les organisations de gauche, en organisant des pétitions, des manifs, … C’est ainsi que s’est construit le PS dans les années 70, proches des couches populaires, mais autant en rupture avec le langage révolutionnaire des gauchistes de l’époque qu’avec l’“Economie Uber Alles” des socio-libéraux.
Sur de tels mécontentements sociaux, je vois aujourd’hui, (1) dans le meilleur des cas, l’élu socialiste dans l’opposition sortir un communiqué de presse, si possible avec sa photo, (2) s’il est majoritaire et bien informé, essayer de faire quelque chose et, (3) quand il n’a pas autre chose à faire, se montrer dans les défilés. Mais de militants, quasiment point! Je vois les adhérents des sections qui, pour la plupart sont maintenant en mains des élus, ne venir en masse qu’aux investitures et aux votes de congrès et environ 10 à 20% d’entre eux (sur des sections de 200, 500, 800, jusqu’à 1 500 adhérents dans certains départements…) participer aux autres réunions, distribuer les tracts et coller les affiches des campagnes électorales. Je les vois participer mollement aux manifestations mais surtout être totalement déconnectés des problèmes de leurs voisinages hormis les rares militants associatifs.
Mais bon, au moins, ce parti garde pour l’instant un semblant d’idéologie de gauche, des propositions débattues à peu près démocratiquement et des candidats qui, en principe s’y réfèrent. C’est cela le parti de militants auquel Martine Aubry souhaite donner un peu plus de rigueur.
Alors qu’en est-il du parti de supporters ? C’est une simple machine électorale qui monnaie en postes de “permanents”, en investitures d’élus locaux, et en quelques bénéfices annexes, ses prestations au bénéfice du candidat qui lui semble le mieux à même de lui en apporter le maximum. C’est le Parti Démocrate US, sans programme ni idéologie (cf. l’important écart entre les positions des différents candidats locaux du parti démocrate US, de la droite extrême à une presque-gauche), qui se rallie à un candidat, dans un mix de jeux d’appareil et de pari sur la victoire, candidat qui lui apporte des propositions clés-en-mains, en espérant susciter les enthousiasmes et gagner.
Pour l’instant au PS, et avec le vote de Reims, le parti présentera son candidat à partir de son programme. Dans le parti de supporters, il servirait de relais auprès des électeurs à un candidat qui imposera son programme, qu’on espère voir gagner et dont on entend, alors, tirer quelques bénéfices.
Rappelons qu’on avait déjà vu Mme Royal, lors des dernières présidentielles, prendre à rebours un certain nombre des positions traditionnelles du PS, au bénéfice d’une mauvaise caricature de “démocratie participative” dans laquelle on invitait les gens à s’exprimer librement, à proposer, mais où les propositions qui en sortaient étaient l’oeuvre d’un cercle restreint d’experts en marketing principalement préoccupés de la direction du vent, et qui ignorèrent assez superbement les revendications sociales.
Dans ce parti de supporters, comme on a pu voir au USA, le culte de la personnalité (cf. l’Obamamania qui a régné ces derniers mois là-bas), les petites phrases, l’affichage médiatique à la people, la mise en scène, les poses de diva, la victimisation,… sont les seules ressources disponibles pour compenser l’absence de positionnement politique traditionnellement ancré. Cela exige énormément d’argent que ne pourront apporter des adhérents à 10 ou 20 € et les dons des autres supporters n’y suffiront pas. La solution est alors dans le soutien financier ou médiatique des lobbies économiques, comme ont excellement su le faire, chacun à leur manière, B. Obama ou N. Sarkozy.
Surtout après huit années de GW Bush, j’ai applaudi la victoire de M. Obama qui, sur certaines de ses propositions, est le candidat le plus à gauche que les démocrates aient jamais présenté. Mais, logique présidentielle ou non, j’avoue ne pas vouloir accepter, à gauche et en France, ce dernier avatar du “spectacle” à la G. Debord, bifurcation de la démocratie et dernier prélude aux dictatures molles au service des puissants qui ne manqueront pas d’advenir chez nous (dont la constitution n’est pas aussi campé sur les libertés individuelles que celle des USA), préparées par les innombrables atteintes aux libertés, la dernière étant dans l’atteinte à la liberté de l’information, qui se produisent tous les jours.
- Terrorisme français. L’édito de Libération.
- France: déficit commercial record en Octobre. Le Monde. A force de favoriser la rente…
- Sondage: 56% des français ne veulent pas de la réforme sarkozienne de l’audiovisuel. NouvelObs. Voir aussi Le Monde.
- “La faim touche près d’un milliard de personnes”. Le Monde.
- Grèce, fin d’un système ? “… l’Etat semble incapable de ramener le calme. Il est impuissant parce qu’il est déliquescent, miné depuis longtemps par le clientélisme, la corruption, le favoritisme….Les grandes familles - les Caramanlis, Mitsotakis, Papandréou - qui se succèdent au pouvoir depuis des décennies et leurs affidés profitent d’un système dont les retombées arrosaient une large partie de la population…L’entrée de la Grèce dans l’Europe, puis la mondialisation ont ébranlé ces rapports archaïques. En vingt ans, le pays s’est rapidement modernisé, sans pour autant échapper à ses mauvaises habitudes. La crise économique le frappe de plein fouet. Les jeunes peinent à trouver un emploi. Les étudiants restent à l’université au-delà de leurs 30 ans pour ne pas se retrouver sur le marché du travail. Les salariés des entreprises publiques sont frappés par les privatisations. Les fonctionnaires subissent les économies budgétaires”. Le Monde.
- Sur Obama justement: “Obama est progressivement devenu le candidat préféré des capitalistes qui ont largement financé sa campagne. Ils ont simplement compris l’épuisement de la politique d’exacerbation des inégalités et de retrait des services publics, et la nécessité de conduire une prudente politique alternative faisant passer la société avant l’économie. A méditer par une partie des grands capitalistes français arc-boutés sur des visions autoproclamées économico-efficientes, alors qu’elles ne sont que des lambeaux d’idéologies du siècle dernier“. Le Monde.
- Lycées, ça continue de bouger… NouvelObs. Les IUT aussi (Sciences 2).