Incipit : Non, je ne vais pas repartir dans la spirale pernicieuse d'un "Test-tout" infernal de tout pilot de séries me tombant sous la main. Je n'ai plus le temps pour cela. Cependant, comme TNT a entamé la diffusion d'une petite nouvelle, Leverage, dimanche dernier (Avec un démarrage plutôt bon apparemment). Et que j'avais en septembre reviewé rapidement le pilot pré-air disponible, voici donc une petite critique remaniée de mon visionnage du pré-air.
Diffusée sur : TNT (Câble US).
Depuis le : 7 décembre 2008.
Ca parle de quoi ?
Nate Ford, un ancien enquêteur d'assurances qui a permis à sa compagnie de récupérer des millions de dollars de biens volés. Mais lorsque son employeur refuse de payer l'assurance de son fils, le condamnant à mourir, il réalise qu'il ne peut plus travailler pour une entreprise qui agit de la sorte. Sans travail et sombrant dans l'alcoolisme, Ford est engagé par un directeur aéronautique pour récupérer des plans d'avions volés par une entreprise concurrente. Pour l'aider, une équipe de quatre personnes aux grandes compétences : Parker, voleur expert ; Alex Hardison, spécialiste dans la fraude sur Internet ; Eliot Spencer, spécialiste des arts martiaux ; et Sophie Devereaux, une escroc très professionnelle. (source : www.serieslive.com )
C'est avec qui ?
Timothy Hutton (Kidnapped), Aldis Hodge (Friday Night Lights), Gina Bellman (Coupling, Jekyll), Christian Kane (Close to Home, Angel), Beth Riesgraf.
Et alors ?
TNT cultive l'art des vieilles recettes. Bon nombre de ses séries flirtent avec l'ambiance nostalgique de fictions obéissant aux anciens codes scénaristiques. Ses figures de proue que constituent The Closer ou encore Saving Grace sont la parfaite illustration de cette forme de tradition qui s'est développée sur cette chaîne câblée. Il était donc au final relativement logique qu'une série comme Leverage arrive sur TNT. Après nous avoir fourni une des erreurs créatives les plus tragiques de la rentrée, avec l'affligeant Raising the Bar (ou la preuve que ce n'est pas toujours dans les vieux pots que l'on trouve les meilleures recettes) - et d'avoir en plus eu l'outrecuidance d'oser en commander une seconde saison ! -, il fallait quand même que TNT se rattrappe quelque peu auprès de ses téléspectateurs.
Pour l'arrivée des fêtes de fin d'année, elle propose donc une nouvelle série, intitulée Leverage. La simple lecture du synopsis confirmait que cette dernière n'allait pas révolutionner le petit écran, mais plutôt offrir une énième déclinaison d'une thématique déjà sur-exploitée. Mais sur-exposition du filon n'implique pas nécessairement le désintérêt : peut-elle proposer un divertissement sympathique en cette période où les séries américaines des grands network entrent en hiatus pour quelques semaines ?
Evoquer cette tendance de TNT de cultiver les vieilles recettes n'était pas innocent. En effet, les filiations directes de Leverage sont immédiatement identifiables et apparaissent clairement dès ce pilote. Que votre âge ou votre culture sériephile vous ait plutôt porté vers l'A-Team d'Agence tous risques ou vers les Arnarqueurs VIP de Hustle, vous trouverez sans difficulté mille et uns parallèles à établir avec ces dernières, et bien d'autres ersatz qui ont peuplé notre petit écran. Il se dégage cette même impression d'extrême classicisme, dans la forme et l'ambiance, comme dans le fond du récit, qui fait par exemple la marque de la série britannique de la BBC (Hustle). Ce manque d'ambition pourrait certes être une entrée en matière quelque peu décourageante, mais il faut être simplement conscient que c'est un postulat de départ qu'il convient accepter au préalable pour laisser sa chance à cette petite dernière du genre.
Nous nous situons donc en terrain fortement connu dès le départ : des cambrioleurs qui travaillent à escroquer plus méchant qu'eux, se retrouvant soudain, presque malgré eux, du bon côté de la Force. Thématiques maintes fois explorées par tous les formats de fictions. Cependant, mine de rien, le téléspectateur se laisse inconsciemment prendre au jeu de ce pilote rythmé, sans prétention mais sans temps mort non plus. Classique dans son exposition, avec une galerie de personnages relativement stéréotypés qui viennent chacun occuper une fonction particulière dans l'équipe en cours de constitution. Classique dans les relations qui s'esquissent entre les protagonistes, l'âme shipper des sériephiles "fleur bleue" y trouvera son compte. Classique dans l'intrigue qui sert de fait générateur à la dynamique d'équipe en voie de formation et que nous allons suivre dans les épisodes suivants, nous contant la genèse de ces futurs redresseurs de torts.
Classique donc, mais aussi relativement bien maîtrisé. Sans prétention particulière, assumant son rôle de divertissement, le pilote se révèle suffisamment rythmé pour ne pas ennuyer. Tout cela se déroule sans surprendre, mais sans lasser non plus. Les ficelles scénaristiques ne sont pas des plus minces, mais la mécanique s'enchaîne, fort bien huilée (dans les vieux pots, on trouve aussi un certain savoir-faire). Originellement plutôt bon public face à ce genre de séries, je me suis laissée prendre dans cette ambiance plutôt 90s', assez agréable à suivre. Le téléspectateur entrevoit un certain potentiel, entre deux clichés et quelques pseudo-retournements que l'on devine sans peine. Certes, la série ne pourra se contenter de capitaliser uniquement sur cette atmosphère quelque peu "recyclée". Nous sommes sur des bases trop souvent explorées pour que l'intérêt se maintienne au-delà de quelques épisodes. Il faudra donc qu'elle soit en mesure de se construire une identité propre pour s'imposer au téléspectateur. Le défi ne sera sans doute pas facile à relever. Suivant l'orientation future de la série, Leverage peut devenir un divertissement d'aventures sympathique ou bien simplement un énième clone du monde des hors-la-loi redresseurs de torts.
Sur la forme, la réalisation est on ne peut plus traditionnelle, aucun effet de style particulier, ni tentative hasardeuse d'introduire une innovation quelconque dans la manière de filmer, qui viendrait troubler l'extrême classicisme d'ensemble. Le casting est relativement solide et remplit son contrat. A noter, cependant, une remarque totalement fortuite et anodine -encore que- concernant Christian Kane, qu'il convient d'envoyer immédiatement chez le coiffeur (cette idée frisait l'obsession chez moi lorsque, enfin, la conclusion de l'épisode arriva : ces quarante minutes de frustration intense ne pourront être réitérées quotidiennement ; il faut réagir, trouver une paire de ciseaux !).
Bilan : Un pilote extrêment classique, qui pourrait avoir été diffusé il y a quelques années tant le style rappelle une ambiance passée. La série surfe sur des thématiques attrayantes originellement, mais déjà tellement exploitées qu'il est toujours malaisé de s'imposer dans ce genre. Ce premier épisode nous circonvient pas à la règle, en restant sur des sentiers balisés, posant les bases de la série et exposant la situation. Il y a sans doute un potentiel, lié au concept. Mais il faudra être en mesure de relever le défi de parvenir à se renouveler et à se construire une identité propre.
Au final, au vu de ce pilote, je ne pense pas suivre la série, du moins pour le moment. Trop classique, insuffisamment ambitieuse et risquant de tomber dans un Formula Show qui n'est pas forcément ce que je recherche actuellement ; d'autant que la caser dans mon emploi du temps relèverait sans doute d'une mission impossible. Mais, si vous recherchez une petite série rythmée et divertissante à tester pour cette fin d'année (ou si vous vous demandez comment survivre au hiatus des fêtes de fin d'année sans risquer l'overdose de rediffusions), Leverage peut tout à fait vous convenir.
Pour un aperçu, visionnez la bande-annonce :
Lectures complémentaires (et discordantes) :
- La review du pré-air sur Critictoo.
- La review (délicieusement sans concession -et il a sans doute un peu raison, vous savez...) du pré-air sur Blabla-séries.
- La review du pré-air sur Récits de séries.