A Paris, une bande écoulait un produit de substitution de l'héroïne. Avec l'aide de médecins et de pharmaciens.
Entre 2006 et 2007, la Caisse primaire d'assurance-maladie a été victime d'un trafic de Subutex ( traitement de substitution pour héroïnomanes) qui lui aura coûté entre 4 et 5 millions d'euros. Dans ce dossier, instruit par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, figurent quelques petits malfrats, une douzaine de pharmaciens exerçant dans l'Est parisien et six médecins.
En octobre 2006, dans le 11ème arrondissement de Paris, des policiers de la Sécurité publique interpellent un jeune homme. Celui-ci sort du cabinet d'un praticien et se trouve en possession de 32 ordonnances libellées au nom de 17 patients différents ! Toutes prescrivent du Subutex, un produit analgésique contenant de la buprénorphine...
Grâce à des écoutes téléphoniques et à des témoins qui se mettent à table, la juge découvre qu'un médecin a prescrit 21 000 boîtes de ce médicament à 600 patients pour le seul premier trimestre de 2006 !
Et qu'un autre a dépassé les 30 000 en dix-huit mois. Le mécanisme de la fraude?
Dans un premier temps, des trafiquants, munis de simples photocopies d'attestations de CMU ou d' AME ( aide médicale d'Etat), démarchent des médecins peu scrupuleux, qui leur délivrent des ordonnances... contre versement d'une dîme de 20 euros. Puis, grâce à ce sésame, lesdits trafiquants se rendent dans des pharmacies complaisantes pour obtenir la marchandise. Laquelle est soit écoulée à Paris, soit expédiée vers la Géorgie, la Pologne et la Finlande, pays ou un cachet de Subutex est revendu 60 euros...