Le journal “Les échos“ a publié l’intégralité des classements de la recherche biomédicale en France, classements coordonnés par le directeur de Paris 5/Necker et comprenant notamment un classement des chercheurs. Je suis donc allé voir, avec une idée bien précise derrière la tête, ce qui ressortait à la rubrique “parasitologie“.
Parmi les moins performants de nos parasitologues français se trouvent donc (chapitre XI) deux directeurs de laboratoires, Jacob Koella (UPMC) et André Théron (CBETM - Université de Perpignan). On notera au passage que les “champions“ en la matière seraient issus pour deux d’entre eux de Pasteur, 1 de Pasteur-Lille, et Vial à Montpellier (qui travaille sur le paludisme).
Il est donc intéressant de regarder précisément sur quoi portent les recherches des principaux “perdants“ du classement. En ce qui concerne Théron, c’est assez simple, puisque j’ai assisté à une conférence sur ses travaux fin mai.
Son thème principal est l’étude de l’écologie de la relation schistosome/hôte intermédiaire (par exemple Biomphalaria glabrata), avec un peu d’évolution par dessus. Rien de très “biomédical“, si ce n’est que ça concerne un parasite dangereux pour l’homme (d’après l’OMS, les schistosomioses sont au quatrième rang des maladies les plus fréquentes, et en second dans les parasitoses, après la malaria).
Pour Koella, ça n’a pas été trop difficile à trouver, parce que d’une part on m’en a longuement parlé en cours, d’autre part j’avais failli aller en stage dans son labo, et je connaissais vaguement le sujet. Son domaine, donc, c’est la parasitologie évolutive, et l’évolution de la réponse de l’hôte. Un de ses thèmes de recherche concerne Plasmodium, est-ce que ça justifie de faire du labo de Parasitologie Fonctionnelle et Evolutive une unité de recherche biomédicale?
Dans la même veine, on remarquera que le classement “regroupe“ la virologie, la parasitologie, et quelques disciplines de la biologie végétale. Vous voyez l’élément unificateur, vous? La même vieille notion que “c’est des pathogènes“.
C’est à mon avis (je dénonce) le mal dont souffre la parasitologie. Dès le moment ou on travaille avec un parasite, on est parasitologue. Ca semble logique? Alors il faut considérer que les drosophilistes ne sont pas généticiens, mais entomologistes. Que les neuroscientifiques qui utilisent des primates sont primatologues. Ca n’a plus aucun sens.
Seulement, comme je le disais juste avant, on a gardé cette image “parasite=pathogène“. La prise en compte de l’importance du parasitisme dans l’écologie, et plus encore dans l’évolution, date d’une vingtaine d’année. Mais quelles similitudes peut-on trouver entre les travaux de biologie des membranes comme ceux qu’on réalise à Pasteur, ceux d’écologie comportementale, d’immunoécologie, ou d’évolution?
Le fait d’utiliser un parasite comme modèle n’implique pas forcément un débouché médical de la recherche, et il est fort dommage que cette idée aie du mal à se frayer un chemin parmi les esprits des biologistes qui n’ont pas “creusé“ le sujet.