Si les félins* figurent en bonne place sur la funeste liste des espèces asiatiques en péril**, il en va de même pour deux vénérables mastodontes : le rhinocéros et l’éléphant. À l’instar des lions et panthères, l’Asie partage avec l’Afrique le privilège de servir de refuge aux plus gros animaux terrestres, mais également le triste honneur de devoir soustraire ces géants placides à la convoitise des trafiquants d’ivoire et des sinistres charlatans de tous poils.
© M. A. Clark 1998-2005 / Whozoo Project
Le rhinocéros d’Asie
Le mot rhinocéros provient du grec rhinos : nez, et keras : corne, car il porte une ou deux cornes sur le nez, et non sur le front comme les autres mammifères cornus. Contrairement à son cousin africain, le rhinocéros d’Asie est unicorne. On distingue trois sous-espèces : Sumatra, Java et Inde. Il est herbivore et vit dans les prairies tropicales. Le rhinocéros de Sumatra est le plus petit, et également le plus velu. Sa taille varie entre 2,5 et 3,2 m, pour un poids de 800 kg, tandis que sa corne peut atteindre 40 cm. Il peuple les îles de Java et Bornéo, ainsi que la péninsule Malaise.
Son « demi-frère » est le rhinocéros de Java, endémique à cette île quoique présent au Vietnam. Il ne possède de poils qu’à l’extrémité de la queue et sur les oreilles. Semblable à une armure, sa peau grise est plissée et granuleuse, d'où son surnom allemand de "Panzer" (char). Il est pourvu d’une corne pouvant mesurer jusqu’à 25 cm. Enfin, le mieux connu et le plus grand des trois est le rhinocéros d’Inde. Mesurant parfois près de quatre mètres pour plus de deux tonnes, sa corne atteint les 60 cm. C’est en outre le moins menacé parmi les trois espèces asiatiques, c’est également le plus grand.
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Menaces
Comme tous les rhinocéros, le rhinocéros d’Asie est menacé d’extinction. On le chasse pour sa corne, à laquelle la superstition attribue des vertus aphrodisiaques et thérapeutiques. En Chine, elle est réduite en poudre et utilisée dans la confection de remèdes traditionnels. Au Yémen, les cornes dont sculptées. Ces deux utilisations sont responsables de la diminution de la population. Bien que les rhinocéros soient protégés, les mesures appliquées restent inefficaces face au braconnage. Toutes les espèces sont inscrites à l’Annexe I de la CITES.
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L’éléphant d'Asie
L'éléphant d'Asie appartient à la catégorie des pachydermes : « animaux à peau épaisse ». Les premiers éléphants sont apparus il y a cinq millions d'années, et formaient alors une famille regroupant de nombreuses espèces, depuis les stégodontes aux mammouths, en passant par les éléphants nains. Comme leurs cousins d'Afrique, les éléphants d'Asie sont domestiqués depuis près de cinq millénaires. Le « mahout » ou cornac est le maître de l’éléphant, le guide et le soigneur. On est cornac de génération en génération. La tradition veut qu’un cornac s’occupe exclusivement d’un seul éléphant au cours de sa vie. Il communique avec l’animal par voix, geste, mouvements de pieds et instruments : crochets, oreillettes, laisses, chaînes aux pieds, entraves en rotin.
Les oreilles de l’éléphant d’Asie sont plus petites que l’éléphant d’Afrique, et il possède une extrémité unique au bout de sa trompe. Les défenses sont également plus petites. Sa taille est de 3,5 m, pour un poids de 2,5 tonnes. On distingue quatre sous-espèces : les éléphants indien, du Sri Lanka, de Malaisie et de Sumatra. Tous sont domestiqués et utilisés à des fins pratiques ou cérémonielles : charrier le bois en forêt, accompagner les mariés et promener les touristes. Mais, surtout, les éléphants demeurent les piliers des fêtes religieuses.
Dans la mythologie indoue, l’un des dieux les plus populaires se nomme Ganesh. C’est le fils de Shiva, dont l’épouse avait créé un jeune homme, Ganesha, pour en faire son garde du corps. Un jour Shiva, jaloux, lui trancha la tête. Les autres dieux condamnèrent Shiva à réparer son crime. Incapable de retrouver la tête de Ganesha, il la remplaça par celle du premier venu, qui n’était autre… qu’un éléphant.
© Albert Allard / National Geographic
Menaces
Toutes les sous-espèces d’éléphants d’Asie sont menacées par le braconnage et la dégradation rapide de leur milieu naturel, bien que la chasse continue de constituer la plus grande menace. En dépit de l’interdiction internationale portant sur la vente d’ivoire depuis 1990, la demande reste importante. Au Sri Lanka, la population des éléphants régresse année après année. Il existe des orphelinats qui accueillent les jeunes pachydermes dont les parents ont été tués.
Les zones dont ont besoin les éléphants pour survivre sont les mêmes forêts que celles où l'exploitation du bois est la plus intensive parce que dans c'est dans les plaines et les vallées que le coût de la coupe des arbres est le plus faible.
L'étude montre aussi que les activités humaines perturbent les déplacements des troupeaux d'éléphants. Même s'ils peuvent effectivement vivre dans des forêts exploitées, le WWF estime qu'il est crucial que leur habitat soit préservé et entretenu de manière durable.
Chauve-Souris
* Pour plus d’informations, se reporter au premier article
** Découvrez les autres espèces asiatiques animales menacées