c'est le jour de la Tabaski ; aujourd'hui le 8 décembre, on fêtera au Sénégal la Tabaski, nom donné à l'Aïd-el-Kébir en Afrique de l'Ouest ; elle commémore le sacrifice d'Abraham ;
si la population est musulmane à 98 %, elle ne profite pas de ce jour pour se rassembler ; pour une des ethnies endémiques c'était hier ; querelle de clocher ? en fait, tout dépend de la lune ; comme pour un certain nombre d'oukases à l'époque actuelle, tout dépend du point de vue ou l'on se place.... apparaît-elle plus tôt dans le ciel de la Mecque ?
chacun voit bien midi à sa porte....
toujours est-il, qu'ici les confréries majoritaires, les Mourides & les Tidjanes fêtent la Tabaski aujourd'hui ;
il est dit dans le Coran que deux choses sont primordiales : le sacrifice d'un animal (un bélier de préférence ) et des habits neufs... l'animal importe peu ; quoique.... si tu n'as pas les moyens de t'offrir une bête à corne ce peut être un mouton ou une chèvre ou.... un cabri ; l'important, n'est-ce-pas l'offrande ?
l'habit neuf permettra aux enfants les plus démunis d'arborer un boubou décent pendant les quelques mois à venir ;
partout autour de moi, le mouvement s'accélérait ; les vendeurs de Sandaga, le marché HLM, le foirail de Ouakam tout reflétait l'enthousiame de la population à préparer cette fête oh combien importante ;
les bêtes à cornes sont exhibés sur des bords de route, engraissées, lavées, déparasitées, lustrées et... enjolivées ; les rubans rouges sont légion ; les marchands Peuls, peuple commerçant par excellence,vantent leurs beauté avec de beaux colliers rouges ;
tout à l'heure, un couteau leur sera plongé dans la carotide jusqu'à faire gicler le sang jusqu'à la dernière goutte ; (*) la plaie de la gorge sera t'elle lavée 7 fois comme au Maroc ?
avec un couteau bien pointu, une petite ouverture au niveau de l'articulation de la patte arrière sera créée ; entre chair et peau ; à l'aide d'un bâton ordinaire, en tournant, la peau sera décollée ; puis, avec la bouche et en soufflant jusqu'à ce que l'air arrive jusqu'aux extrémités , les antérieurs de la bestiole se dresseront ; il semblera que la bête se gonfle comme aprés un long séjour dans l'eau ;
"l'apprenti" ou bien l'enfant qui joue au ballon tout près posera son doigt sur l'entrèe de l'air ; une rapide incision entre les cuisses permettra de le dépecer ; rapidement ; sans aucun geste superflu ; la tête, les pattes et les cornes seront respectées ; les bêtes seront suspendues telles vos joyeuses guirlandes ; dans la rue, sur le foirail qu'importe ; tout se passe dehors ; la vie est dehors ;
avec une extrême propreté, l'animal sera vidé ; les abats tels le foie et le coeur seront retirés ; la Fatou de la maison s'occupera des tripes qu'elle rincera, grattera, raclera et enfin les mettra à sécher ;
et enfin, la flamme scarifiera les pattes et la tête ;
tout à l'heure, les musulmans de mon entourage viendront me rendre visite ; ils m'offriront qui un gigot qui un morceau de collier ;
j'en serai honorée ;
je reviendrai alors vous raconter comment j'ai accomodé ces mets de roi ;
dans vos préparatifs festifs vous êtes bien loin de mes histoires africaines ;
j'en conviens ;
de la même façon que je suis loin du thé matcha et du bellotta ;
mais vous, vous souvenez vous du geste sur de la femme dans la cuisine de votre enfance ?
votre grand-mère je présume ;
vous rappelez vous des dimanches festifs de votre enfance lorsqu'elle se rendait au poulailler ? lorsqu'elle plumait les volailles sur son grand tablier en coutil gris...c'était la même façon de faire...
J'ai toujours aimé ça...
Dewenati Tabaski !
( * ) si la viande n'est pas mise à rassir, souvenez-vous qu'elle peut être dégustée à loisir dans la journée ;
crédit photo : © Thierry Helsens