L'agrandissement du collège commença en 1659, et au matin du 12 juillet 1665, l'on posa la première pierre de la future église St Ignace de Loyola. 13 ans plus tard, alors qu'on avait certes achevé le gros du chantier mais qu'il restait encore de la finition à fignoler, l'archevêque mécène amateur d'art, de culture et de beau en général, "Jan Bedřich z Valdštejna" vint copieusement goupillonner à l'eau bénite notre édifice, le 31 juillet 1678 très exactement.
En 1671 ou 1699 (selon les sources), l'on posa à la cime du tympan une statue de St Ignace de Loyola, qui encore aujourd'hui regarde les énormes bouchons routiers qui se forment à ses pieds. Notez la mandorle qui évoque le rayonnement lumineux de son corps de gloire, ce qui est pour le moins exceptionnel car cet attribut (mandorle) était autrefois exclusivement réservé au Christ (accessoirement à la vierge, tous 2 ressuscités).
Alors on rentre dans l'église, hop, et la première chose que l'on aperçoit, c'est la fameuse pancarte défense de photographier. Pour l'anecdote je vous informe que cette chienlit interdictrice s'étend, partout, car l'on s'en revient de la Sérénissime Cité où l'on se ressourça en air iodé, en bouffetance, en spritz en terrasse, en peinture et en vieilles pierres, et justement, cette même chienlit interdictrice se retrouve dans toutes les églises vénitiennes. Je ne me souviens plus si c'était autant la dernière fois, mais très honnêtement il ne me semble pas. Il ne me semble pas que l'on m'emmerdait autant il y 6 ans, lorsque je visitais la fabuleuse Venise plusieurs fois par an. Mais cette fois-ci, sans dec, à cogner d'ssus tellement c'était tout interdit. La dictature de la censure totale, téléphone, glace, sandwich, appareil photo, short, T-shirt, cigarette, chien, pet, rot... Alors pour bien marquer mon hostilité aux interdits du despotisme religieux, je garde systématiquement mon couvre chef sur ma tête. Et lorsqu'un (voire qu'une) imbécile me fait remarquer mon impertinence, alors je réponds en souriant "vous inquiétez pas, c'est pas grave, chuis pas croyant." Succès assuré.
Bref, en pénétrant dans St Ignace... euh... en pénétrant dans l'église St Ignace, qui selon les experts est d'arrangement typiquement jésuitique de style baroco-rococo, vous verrez sur la gauche une chapelle dite Ste Marie de Lourdes avec une statuette de la vierge rappelant son apparition en 1858 (cf. Bernadette Soubirous). Il s'agit d'une oeuvre de "Heřman Kotrba" (connais pas) de 1948 influencée par le roman "La chanson de Bernadette" de "Franz Werfel".
Le tableau de l'autel central (mi XVIII ème siècle) date de 1687 (ou 1688, j'ai un doute) et représente l'ascension aux cieux de St Ignace de Loyola (St Ignace de L'au-delà :-) par "Jan Jiří Heinsch"
Une fois tout ce chambard retardateur avec les canassons, les boeufs, les ânes... terminé, le corpus Wencezlai put enfin reprendre sa route vers St Guy ("Hic corpus sancti Wencezlai portatur ad ecclesiam sancti Viti").
Vers 1770, l'église endura une restauration rococo aussi la majorité du fourniment que vous pouvez encore voir aujourd'hui date de cette époque.
Sinon la tour, enfin le clocher (puisque je vous ai parlé de clocher et de cloche dans la précédente publie), mesure 50m de haut. En dehors de ressembler à n'importe quelle clocher, celui-là n'a rien de particulier sinon que sa localisation latérale peut laisser supposer qu'il aurait dû avoir un jumeau (cf. clocher central et latéral). En son temps, il y avait là 2 cloches du fameux saintier, fondeur, et mouleur de canon (véridique) "Mikuláš Löw (z Löwenberku)" (de son vrai nom "Jan Michal Mikuláš Löw von Löwenberg"), mais comme ses 2 statues du pont Charles, elles ont dû finir en bouillie à canon lors d'une guerre.
Sinon pour une fois, ce n'est pas Joseph II et ses réformes qui mirent fin à l'activité de l'église, mais le pape Clément XIV qui en 1773 dissolut la Compagnie de Jésus (notez que les verbes dissoudre comme absoudre n'ont officiellement pas de passé simple, tracasserie qu'officieusement je résolus puisque ce dernier en a un, de passé simple, le verbe résoudre, mais pas dissoudre).