TItre original : The face of a stranger
Éditeur : 10/18 Grands Détectives
1ère édition : 1990
Nb de pages : 414
Lu : décembre 2008
Ma note:
Résumé :
William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l’hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu’il s’empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l’exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d’un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d’abord qu’il n’était ni très sympathique ni très aimé, et qu’il avait laissé tomber sa famille, d’origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions. Il se rend compte aussi qu’il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer…
Mon avis:
Je découvre Anne Perry et sa série des enquêtes de William Monk avec ce premier volume, et je suis bluffée. Je ne m’attendais pas à tant de finesse et de subtilité. L’époque m’attirait mais je pensais que l’ensemble serait un peu plus classique. L’idée de départ est pour le moins osée, c’est d’ailleurs ce qui m’a fait choisir cette série plutôt que celle de Charlotte et Thomas Pitt.
L’histoire débute avec la sortie du coma de William Monk, plusieurs semaines après un accident. Ce dernier se réveille amnésique, et comprend vite qu’il est dans son intérêt de cacher ces séquelles. Chargé de découvrir l’assassin d’un ancien major ayant combattu en Crimée par un supérieur jaloux et envieux qui veut sa perte, il s’aperçoit bien vite que l’échec le guette. Sans identité ni souvenir, il ne peut compter que sur son instinct et ses vieux réflexes. Il mène donc l’enquête officielle, tout en cherchant à découvrir qu’elle sorte d’homme il était. Il se découvre peu sympathique, solitaire, ambitieux et arrogant. Le personnage de Monk est fascinant. Il apparait déboussolé à cause de son amnésie, mais très humain. Il n’est pas dépourvu de sentiments et de sensibilité. Pourtant l’homme qu’il découvre est hautement antipathique, intransigeant et dur. Anne Perry nous offre deux personnages en un. Il m’a été impossible de le détester, son trouble et sa prise de conscience sur l’affreux bonhomme qu’il était le rend attachant.
Les autres personnages, secondaires au non, sont aussi très fouillés, plus vrais que nature. Les descriptions de l’ère victorienne sont saisissantes. Il s’agit tout autant d’un roman policier que d’un roman de moeurs. L’intrigue, sans être révolutionnaire reste quand même tordue, car la façon d’amener les choses et de parvenir au dénouement compensent le manque de surprise. Anne Perry décrit parfaitement les injustices de l’époque, et nous montre qu’elles n’épargnaient aucune classe sociale. L’écart astronomique entre la haute société et les miséreux, la place et le rôle de la femme, proche de l’objet utilitaire et décoratif, l’injustice d’être le dernier né, l’hypocrisie bienséante, et j’en passe. Une sacrée galerie de portraits, et une époque pas si romantique que ça, avec sa réalité sombre et sordide.
Je peux déjà dire que j’ai la ferme intention de me faire la suite de la série, jusqu’à ce que mort s’en suive. J’ai hâte de retrouver les personnages, de les voir évoluer dans d’autres enquêtes, car j’ai pris un plaisir fou à cette lecture.