J’aurais dû vous avoir présenté Curitiba. Au moins, c’était l’idée primordiale de ce billet. Par contre, je me suis trouvé dans une situation de découverte: c’est difficile parler d’une ville où vous avez vécu la majorité de votre vie. Les lieux que, pour vous, sont les plus intéressants sont tous attachés à vos souvenirs, à vos histoires. Impossible de penser à ce bar-là sans penser à elle ou à elle. Impossible de penser à un parc sans penser aux matchs de foot que vous avez joué avec vos amis. Impossible de penser aux rues sans se souvenir des fois que vous y êtes passé avec vos amis, en bavardant et discutant le sens de la vie.
Pour moi, Curitiba a tout ça. C’est la ville où j’habite pour l’instant et peut-être la ville où je vais habiter toute la vie. Ou pas. C’est la ville dont j’ai plus d’histoires de vie et au même temps c’est la ville que je haïs le plus. C’est la ville où mes amis les plus proches sont maintenant, mais ce sera la ville d’où tous partiront bientôt. C’est la ville où je fais mes études et celle où je ne veux plus étudier. C’est la ville où la majorité de mes amours habitent et au même temps c’est où je ne veux plus avoir d’amours.
Pour moi, Curitiba a ce rôle, mais les gens ont leurs NYs, leurs Paris, leurs Moscous avec la même valeur personnelle.
En fouillant mes dossiers de photos sur l’ordinateur, je me suis rendu compte de que je n’en ai aucune de la ville elle-même. J’ai des photos faites à Curitiba, mais qui ne montrent pas la ville. C’est toujours mes amis avec moi, nos rencontres pour manger, pour bavarder, mais rien qui puisse vous montrer “la ville”. Ça signifierait-il quelque chose? J’ai mes doutes. Je n’ai pas de photos à moi qui soient capables de la montrer pour elle-même.
Alors, pour vous faire connaître un peu de la capitale du Paraná, il ne me serait resté que vous raconter mes lieux préférés, les lieux où jamais irait-il un touriste. Le CaféZau, où je vais souvent pour prendre un verre et rencontrer les gens; la foire d’Alto da XV, où, tous les samedis, je mange un “pastel” avec “Água da Serra”; le restaurant végétarien Veghê, où je mange presque tous les jours; le Bar d’Eisenbahn, où j’aime aller pour boire de la bière artisanale; le Parc Barigüi, où je vais parfois marcher, courir ou rouler en patins.
Mais ça c’est la Curitiba que vous voudriez visiter? Je pense pas. Je me demande donc comment faire connaître un lieu qui est déjà incrustré dans les veines et duquel vous n’arrivez plus à en extraire que vous-même… Quoi dire d’une ville qui n’est que l’image que vous en avez construite?
Ce genre de réflection m’absorbé l’autre jour: si t’es un voyageur, comment savoir où habiter? Comment choisir, parmi toutes les villes que vous avez déjà visitées, celle qui sera votre résidence-base? Pas d’idée. Sans un lieu de référence, comment évaluer le monde? Sauf André Brugiroux, on a tous besoin d’un coin pour habiter…
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