En ces temps de crise économique, où le quotidien est éprouvant et les lendemains offrent des perspectives peu réjouissantes, les Français attendent de voir le ciel leur tomber sur la tête. Leur moral est en berne (Moral des Français : une rentrée sous le signe de la morosité), la conjoncture économique est défavorable, 2009 s’annonce comme une année terrible. Dans ce contexte difficile, où en sont nos concitoyens par rapport leur vie rêvée ?
Vraiment heureux les Français ?
75% des Français affirment que leur vie est celle dont ils rêvaient. C’est ce qu’affirme un sondage de l’institut CSA pour Le Parisien / Aujourd’hui en France. Publié en pleine période délicate, il pourrait constituer une bouffée d’air pur. Il est en fait relativement inquiétant, car cela signifie qu’un Français sur quatre n’a pas la vie dont il rêvait, dont plus d’un sur dix « pas du tout ».
Le niveau de diplôme est le facteur le plus structurant de l’accomplissement de son rêve. Les personnes n’ayant aucun diplôme (32%) comptent dans leurs rangs le plus de personnes dont la vie n’a pas suivi le cours souhaité, alors que chez les plus diplômés, seuls 12% expriment ce ressenti. Pour autant, ces derniers se montrent également moins nombreux à avoir totalement atteint leur vie rêvée (17% contre 26% chez les sans diplôme). On retrouve une tendance similaire dans l’analyse par catégorie sociale : à l’exception des employés dont la situation semble peu enviable, les CSP- sont plus nombreux à émettre un avis très positif que les CSP+. Dans les réponses « oui plutôt » de ces derniers s’exprime peut-être le blues du businessman : « J’ai réussi et j’en suis fier, au fond je n’ai qu’un seul regret, j’fais pas ce que j’aurais voulu faire… »
L’argent ne fait pas le bonheur, la famille et la vie sociale beaucoup plus
Pour être plus heureux, les Français semblent unanimes, ils aimeraient avoir plus d’argent (52%). Ainsi, il n’y a que chez les plus âgées que le désir financier n’est pas le plus fréquemment exprimé, la santé étant dans cette catégorie de population le souhait le plus vif (55% chez les 65-74 ans et 66% chez les 75 ans et plus).
Pour autant, le souhait de rentrées financières plus importantes ou d’une meilleure santé ne structure absolument pas le niveau de bonheur déclaré par les interviewés. Au contraire, les véritables différences entre les personnes heureuses et les autres semblent en revanche se faire sur des éléments moins cités, et les personnes qui semblent le plus malheureuses expriment des désirs plus marqués pour que leur famille soit plus unie (23% contre 11% chez ceux qui semblent le plus heureux), qu’ils reçoivent plus d’amour (16% contre 9%), un meilleur logement (15% contre 10%) et plus d’amis (10% contre 7%).
A l’inverse, certains besoins sont pour eux largement secondaires : avoir le sentiment d’être utiles dans la société (16% contre 22%), avoir plus de temps pour eux (12% contre 25%) ou avoir plus de sorties et de loisirs (14% contre 22%).
Enfin, il est intéressant de remarquer que ce sont les personnes qui affirment ne « plutôt pas avoir la vie dont elles rêvaient » qui expriment le plus le désir d’exercer un emploi plus épanouissant (28%). Preuve que le travail, s’il peut être un facteur de déprime, ne rend pas profondément malheureux.
Les rêves des Français font la part belle aux images d’Epinal
Enfin, contrairement aux idées reçues, ce n’est pas dans les régions du Sud que les gens semblent les plus heureux. C’est en effet en région Sud-Ouest que l’on trouve le moins de personnes affirmant que leur vie est celle dont ils rêvaient (66%), et ils sont 74%, soit moins que la moyenne nationale, en région Sud-Est.
Pour autant, un sondage récemment réalisé par TNS Sofres montre que, dans leur idéal de vie, les Français se verraient bien aller habiter dans ces régions, dans le Sud-Est pour 32% des personnes interrogées, dans le Sud-Ouest pour 28% d’entre elles.
Le rêve est sans aucun doute le meilleur champ d’expression pour l’imaginaire collectif. A n’en pas douter, les « Sunbelt » et autres pays de cocagne ont encore de beaux jours devant eux. A n’en pas douter, le rêve et l’idéal ne sont pas du même monde que la cruelle réalité des résultats de sondage. Après tout, tant mieux…