Pourri Dakar

Publié le 08 décembre 2008 par Cyrilboyer


Je ne suis pas trop de nature à rejoindre les grandes causes vouées à changer le monde, même si j’avoue que je serais assez d’accord pour rejoindre un front de lutte armée contre les raisins secs dans le taboulé et les carottes râpées.
La semaine dernière, pourtant, j’ai signé une pétition. Contre le Paris Dakar qui, je l’ai appris par la même occasion, doit se dérouler cette année en… Amérique du Sud. Comme Pékin Express, dis donc, bientôt on va courir le Tour de France au Chili et la Route du Rhum sur le Lac Titicaca.
Réflexion faite, ça me semble un peu idiot de rassembler des signatures contre quelque chose que ne peut soutenir aucune personne suffisamment respectueuse pour ne pas considérer les pays défavorisés comme le terrain de jeu des pays riches. Surtout que le slogan « Le Dakar c’est ringard » n’est lui-même pas dénué de toute ringardise… En fait, j’aurais préféré une autre version de la pétition : Pour que le Paris – Dakar soit transformé, par exemple, en Paris – Canach. Le parcours permettrait de découvrir l’arrière pays sauvage et vierge d’un pays que trop de Luxembourgeois ne voient encore que comme un lieu de vacances dont les habitants voudraient bien tous venir travailler chez eux s’ils n’étaient pas aussi attachés à leur climat ensoleillé et au rythme indolent auquel s’écoulent leurs journées oisives.
La participation serait réservée à des équipes luxembourgeoises, sponsorisées par des banques, qui viendraient à bord de Porsche Cayenne, Audi Q7 et BMW X6 sillonner les routes terreuses d’un pays au PNB deux fois inférieur au leur, précédées par une caravane publicitaire qui distribuerait la civilisation aux autochtones rassemblés devant leurs cases (des bons de réduction chez Miwwel et Kichechef et des petits pots de Kachkeis, par exemple). Pour bien polluer, on organiserait aussi une version poids lourds (bon, OK, ils le font déjà). Et puis il faudrait décaler un peu la date de départ pour que ça colle à la fois après nos réjouissances annuelles et à une période où le climat est favorable (juin). En fait, le seul problème, c’est qu’il faudrait sécuriser le parcours face aux groupuscules terroristes du plateau de Millevaches…