Ou rien !
Ou seuls quelques évènements choisis pour alimenter sans cesse la bonne conscience contemporaine et faire en sorte que chacun dorme sur ses deux oreilles en même temps que sur les monceaux de cadavres de l’Histoire !
La question que, semble-t-il, soulèvent ces affrontements bien pensants n’est-elle pas :
À quoi bon saluer une fois par an, à grand renfort de coups de clairon et de claquements d’oriflammes, les millions de victimes de l’imbécilité d’État (je pense, avec la même aversion, à Bismarck et Clémenceau), les massacres passés de l’esclavage, ou l’horreur de la Shoah, si c’est pour éliminer des programmes scolaires l’enseignement même de l’Histoire, ou n’enseigner qu’une Histoire revue et corrigée à des fins politico-économiques ? Si c’est pour, dans l’heure qui suit la commémoration, reprendre ses vieilles habitudes d’exploitation du plus faible par le plus fort, sa dévotion au fric déifié, sa course au pouvoir, son goût pour l’appropriation des biens collectifs ou du fruit du travail d’autrui, sa volonté farouche de faire des fortunes réelles ou virtuelles sur du vent (je ne pense pas qu’à certaines éoliennes !), sa démarche de colonisation des espaces, des territoires et des êtres, pour renforcer ses mensonges, dissimulations et mépris, tant de l’administré que de l’ouvrier, du jeune, du malade, de… la vie ?
Les rodomontades de ce matin à Douaumont ne vont-elles pas, une fois de plus, par le choix inavoué d’une mémoire particulière, tenter de nous faire oublier les innombrables condamnations à mort des « conseils de guerre », le courage des malheureux et lucides mutins de Craonne, la mort terrible des Fusillés de Vingré, et l’agonie actuelle des millions de victimes des… officiers généraux d’une interminable guerre qui refuse de porter son nom : les grands patrons de banque ?
C’est chaque jour que devrait être célébré et enseigné dans toutes les écoles du monde (avant d'enseigner la propreté aux autres, encore faut-il la pratiquer soi-même !) le respect, sans tambour ni trompette, simplement, humainement !
Nous n’en sommes hélas pas encore là !
Je sais... je rêve encore !
Mais... courage… on les aura !
image Il était de Ceux-là ! photo GL