Que de prétendus jeunes carnassiers aient décidé de s’attaquer à une troupe d’éléphants dans une jungle en ruines est déjà assez surprenant pour que l’on observe attentivement l’issue de la confrontation. Même si l’expérience prouve que, malgré leur hargne et la faim qui peut les tenailler, ces agresseurs peuvent rarement sortir rassasiés de l’aventure !
Mais que, des requins de l’est aux crocodiles de l’ouest, on en finisse par oublier (le spectacle étant fascinant par les reflets qu’il présente de ses propres comportements) l’état de grande pauvreté de la nature environnante, les disettes, maladies, sécheresse de porte-monnaie et de cœur, coups de mains d’autres voraces, épuisements de toute sorte… prouve, si besoin était, que se croire fort engendre toujours le mépris du faible. Et que se sentir puissant parce que mâle (malgré parfois des apparences trompeuses de féminité !) engendre toujours le mépris de… la Femelle ! C’est elle que l’on dévorera en premier, à condition toutefois de… réussir à la saigner !
Ils ont déjà bu le Champagne, croqué déjà les biscuits roses et dansé le scalp dans des cavernes de toile et sous les piles dorées de mini stères de bois parfumés au patchouli ! Ils sont là, autour du marigot, tous… de la dextre à la senestre, de l’adroite à manipuler à la sinistre empêtrée, à s’épier, s’observer le flanc pour y repérer la faiblesse, tenter des alliances de circonstance, imaginer déjà le partage du butin. Ce soir… demain… l’affrontement. N’en survivront que… des cadavres offerts aux charognards venus d’ailleurs… peut-être une ombre de mante et des espoirs de nouvelle religion… peut-être… surtout une grande misère chez les rampants de la campagne ravagée !
Quand les fous s’amusent, les rois boivent et… le peuple trinque !