Une récente expédition de recensement en Grande Comore a conclu à la stabilité de la population de cœlacanthes dans l’île. Ce poisson préhistorique et emblématique des Comores est toujours bien présent alors que les découvertes s’enchaînent dans d’autres sites.
C’est en 1938 que le premier cœlacanthe vivant est capturé dans les eaux de la côte Est d’Afrique du Sud. La découverte est de taille puisqu’on ne connaissait cette espèce que fossilisée. On la croyait même disparue depuis 70 millions d’années… Mieux, sa morphologie avait peu évolué depuis son apparition.
Ce poisson, considéré comme un fossile vivant, est le dernier représentant des crossoptérygiens, un groupe dans lequel est probablement apparu le premier des tétrapodes terrestres. Il n’en faut pas plus pour alimenter les soupçons le considérant comme un “chaînon manquant”, l’étape intermédiaire entre la vie aquatique et la vie terrestre. D’ailleurs, il possède une poche de gaz qui pourrait être le vestige d’un poumon…
En 1998, une autre population de cœlacanthes a été identifiée en Indonésie (ce n’est d’ailleurs pas la même espèce). Mais, c’est sans conteste aux Comores et dans le canal du Mozambique que ce poisson des profondeurs (évoluant jusqu’à au moins 400 m de profondeur) est le plus connu.
500 spécimens estimés
Reste que les activités humaines risque d’avoir un impact sur une population estimée entre 1987 et 1991 à quelques centaines d’individus. La pêche côtière notamment est en cause. En effet, les poissons évoluant moins profond se font parfois rares. Du coup, les engins vont de plus en plus profond… dans les domaines du cœlacanthe. Pendant presque un mois, du 25 octobre au 20 novembre derniers, une expédition internationale du Max Plank Institute (Allemagne) sous la supervision du Centre National de Documentation et de recherche scientifique a mené une campagne de recensement de la population de cœlacanthes de la Grande Comore. Les observations ont été réalisées en sous-marin (capacité de 400 m) et des enquêtes socio-économiques ont été menées dans tous les villages côtiers. De ce comptage, il en ressort que la population serait stable avec environ 500 individus. Et ce, malgré les craintes émises sur une autre activité humaine : le concassage à Itsoundzou. Certains scientifiques craignent que cette activité ait causé un déplacement de l’espèce vers la Tanzanie. À première vue, rien de tout ça selon l’institut allemand. Le professeur Hans Fricke a rappelé tout de même que “les autorités du pays doivent veiller au respect des mesures d’atténuation”, outre pour la faune marine également pour la santé des populations locales. L’expédition a ensuite mis le cap sur la Tanzanie où une population de cœlacanthes a récemment été détectée. Ce qui laisse espérait à certains que les fonds marins réunionnais abritent eux aussi cette espèce. Peut-être que l’expédition Abyssea (lire nos précédentes éditions) aura la chance d’en filmer un. Qui sait ?