Les troubles qui affligent l’économie mondiale actuelle sont survenus violemment et soudainement. C’est arrivé comme une espèce de réaction en chaîne. Ce comportement d’un système fait penser que les relations entre les compagnies forment un réseau small-world, où peu de gros noeuds sont connectés à plusieurs petits et vice-versa. Cette topologie permet de transmettre de “l’information” drôlement efficacement, mais faites tomber quelques gros noeuds et il s’ensuit une cascade de brisure dans le réseau pouvant mener à une inefficacité (panne) majeure. C’est ce qui s’est passé dans la blackout de 2003 et lorsque des événements nécessitent de fermer certains gros aéroports. Autant la grille électrique que les liaisons entre les aéroports forment des réseaux small-world.
Dans le cas des réseaux d’entreprises, l’information est l’argent. Quand le système financier gèle, c’est pleins de gros noeuds qui ne diffusent plus l’information à tous les noeuds qui s’y connectent. C’est la paralysie. Si elle dure trop longtemps, d’autres géants continueront de tomber. On vit actuellement un période historique, une ère glaciaire où certains gros reptiles s’étaieront alors que quelques mammifères survivront pour éventuellement prendre une place importante dans l’écosystème des affaires.
Déjà avant cette crise, le monde avait commencé à changer. Les fondements de la révolution industrielle — structure, bigger-is-better, protocoles, hiérarchie — tout ça n’est plus très au goût du jour. Notre époque apparaîtra dans les livres d’histoire comme la révolution de l’information. Et comme à chaque révolution, des géants tomberont et d’autres se lèveront. La période d’économie chancelante que nous traversons ne sera qu’un catalyseur du changement de garde.
Je viens de lire à ce propos un bijou de Paul Graham intitulé Hi-Res Society. Voici trois des points qu’il discute qui sont des raisons pourquoi les grandes compagnies ne jouiront plus jamais du rôle qu’elle ont eu dans les dernières décennies
- Il n’y a plus que les économies d’échelle – Avant, l’équation était simple: plus gros = économie d’échelle et dominance d’un marché. Aujourd’hui, la vitesse joue un rôle aussi important que les économies d’échelle, particulièrement en technologie. Avec la durée de vie toujours plus courte des produits et le grand dynamisme de la demande, on peut se retrouver dans le pétrin avec des méthodes de fabrication de masse. Vous n’avez qu’à regarder les cours des grands manufacturiers automobile se remplir en ce moment de véhicules qui seront désuets lorsqu’il en sortiront pour vous en convaincre. À l’inverse, des opportunités bien saisies n’auront jamais rapporté aussi vite qu’à notre époque.
- Attirer les meilleurs — Il y a 20-30 ans, le scénario idéal pour les meilleurs était d’entrer dans une grande boite et de gravir les échelons corporatifs le plus rapidement possible. Aujourd’hui, les plus efficaces et les plus créatifs (ceux qui ajoutent le plus de valeur dans une entreprise), ne rêvent plus de joindre les grandes corporations. Ils veulent l’environnement de travail le plus stimulant, être fier de leurs réalisations. Et en bout de ligne, ce sont les grandes équipes qui font les grands succès d’entreprises.
- Perte de leur influence — À chaque époque, selon Graham, les entreprises les plus en vue sont celles qui diffusent leurs façon de faire au reste du monde des affaires. Les grandes entreprises ont influencé l’idéologie corporative par le passée. En ce moment, qui est-ce que les dirigeants regardent pour s’inspirer des meilleures façon de faire? Ce sont les jeunes entreprises technologiques qui deviennent les modèles, des méthodes de gestion jusqu’au codes vestimentaires.
Ajoutez la crise environnementale qu’on oublie momentanément et ça fait pour plusieurs années tumultueuses en perspective… Voilà une belle opportunité!
[Photo: Swamibu sur flickr]