Paso Doble n°104 : L’an III de la République Sarkozyste

A las cincos de la manana…

Le mot commençant par R…

Ca sent le sapin pour Fillon III. Alors que certains se font enguirlander et que d’autres ont les boules,  Janvier est donc propice à un remaniement, avec 3 rois mages (Sarkozy, Fillon, Copé) apportant Fillon IV entre la myrrhe et l’encens.

Voilà qui permettrait de clôre effectivement 6 mois de présidence européenne et le premier tome pagnolesque du Sarkozysme (« La Gloire de mon Père » ?). Il est temps de faire l’heure des bilans et d’ouvrir un « Grenelle du Gouvernement ».

Il est pas frais, mon bilan ?

D’un point de vue du bilan, il est difficilement lisible. Même si la frénésie présidentielle des débuts a fini par ralentir, ce qui redonné de l’oxygène aux ministres, il est cependant clair que le quinquennat se fera à l’américaine.

Sur la forme, certaines idées de Nicolas Sarkozy, malgré quelques succès d’estime dûs à son habileté tactique, ont connu par ailleurs des échecs flagrants : l’ouverture a pris du plomb dans l’aile, les ministres issus de la Gauche étant des figurants sur la scène gouvernementale (notamment Amara et Kouchner) ; la promotion de fidèles sarkozystes purs et durs non issus du landerneau s’est soldé parfois par des ratages retentissants (Dati en étant le meilleur exemple) parfois par de relatifs succès alors que ce n’était pas couru par avance (Hortefeux).

Sur le fond, la politique du gouvernement a épousé les sautes d’humeur du président de la République. Il est impossible de savoir si la France a un gouvernement libéral, ou keynésien, parce que faisant fi des étiquettes et des idéologiques, Sarkozy le pragmatique est capable de faire tout et son inverse, en même temps. Globalement cependant, on sent bien que la tendance actuelle est plutôt favorable aux étato-gaullistes qu’aux libéraux. On s’endette, on dépense, on construit. Ce qui ne l’empêche pas de libéraliser lorsqu’il le peut (le travail le Dimanche, la réduction du nombre de fonctionnaires).

Restent quelques succès : la réforme de l’Etat, des régimes spéciaux, la coordination de crise au moment des subprimes. Problème : Sarkozy réfléchit à horizon 3 ans et on verra sur le long-terme les effets possiblement très négatifs de sa politique. Notons quelques échecs, dont notamment la brouille avec l’Allemagne et la Chine.

Pulp fiction

Dans ce contexte, qui changer ? Il y a les ministres qui ont clairement plutôt bien marché (comme Bertrand Darcos, ou Chatel), ceux qui ont bien marché mais que Sarkozy n’aime guère (Pécresse), ceux qui ont mal marché mais qui ont la faveur du prince (Amara, Morin) et ceux qui n’ont ni le secours du Tout-Puissant, ni un bilan pour eux (Alliot-Marie, Dati, Lagarde, Albanel, Boutin).

A cette arithmétique élaborée sur un critère d’efficacité, et déjà bien compliquée, il faut rajouter l’arithmétique politique comme le nombre de femmes au gouvernement. Car le problème de Sarkozy, c’est qu’il voudrait virer quasiment toutes ses sarkozettes… Il y a également l’équilibre des différentes tendances à l’UMP, l’entrée de nouveaux ralliés comme de Villiers et le jeu de chaises musicales entre l’UMP, les Européennes, le gouvernement, et la tête de liste UMP en île de france.

Voici donc mon pronostic 100% subjectif.

Hausse des suppressions d’emploi en Janvier

A Matignon, autant garder Fillon : il faudra bien garder un fusible en juin après les européennes. Je pense que Bertrand restera, mais que Sarkozy le changera pour le nommer à l’Economie. La Fonction publique et aux comptes  publics pourrait être confiée à Philippe de Villiers, qui cherche à négocier une entrée au gouvernement, ou à Copé, pour le contrôler. Woerth, lui, partirait au ministère du Travail. Lagarde devrait être exfiltrée, je pense vers La Poste, pour préparer sa privatisation sans cesse repoussée, ou vers la Caisse des dépôts et consignations dont le président actuel n’est pas en grâce.

Le Travail étant libéré, Sarkozy aura besoin d’un poids lourd. Je pense que je nommerais Darcos, qui a fait ses preuves à l’Education, à moins que le président ne cherche à l’utiliser à la Justice. Il y a aussi Karoutchi.

Sur la Justice, Dati serait – c’est quasiment une certitude – évacuée. Il lui faut un point de chute avec un public facile. Elle pourrait partir au ministère de l’Intégration et de l’Identité Nationale. Hortefeux, qui ne s’est pas trop mal débrouillé, hériterait de l’Intérieur. Quant au prochain ministre de la justice, il faut un type plutôt du sérail et/ou rond et bonhomme. A la place de sarkozy, j’essaierais de débaucher Simone Veil (une femme de plus !), j’essuierais un refus poli, et je me tournerais alors vers Jack Lang, qui n’hésiterais pas une seule seconde. Dernier choix : Xavier Darcos, avec sa rigueur et sa bonhommie.

Sur les Affaires étrangères, Sarkozy va peut-être garder Kouchner, ou bien le remplacer par quelqu’un de plus professionnel. S’il persiste dans l’ouverture à Gauche, il pourrait récompenser Bockel, mais cela ne plairait pas aux africains. Aussi, cela pourrait être Lang (alternativement avec la Justice), Védrine (mais est-ce envisageable ?) ou bien encore un énième retour d’Alain Juppé. Aux Affaires Européennes, Sarkozy pourrait faire entrer Estrosi - c’est encore là qu’il sera le moins audible.

Pour conclure sur ce schéma, subsisterait Borloo, qui resterait au MEDAD; Pecresse qui pourrait prendre la place de Darcos à l’Education, avec Allegre comme secrétaire d’Etat à la recherche et l’innovation; Barnier, toujours à l’Agriculture; Morin à la Défense; Bachelot à la Santé. Chatel pourrait passer aux relations avec le Parlement, et Karoutchi investi candidat UMP pour les Régionales (en échange de la promotion de Pecresse). Si de Villiers n’allait pas à la Fonction publique, il pourrait prendre la Culture, seul ministère qu’il a exercé dans le gouvernement Chirac.

J’invite mes collègues de Kiwis (Pensées d’outre politique, Frednetick, CaRéagit, Pierre Catalan, Le grand barnum, Pingouin, H16, Edgar, Ruminances, L’Insolent ) à produire eux aussi leur analyse du futur Fillon II !

Sur le même sujet :Pierre s’intérèsse au secrétariat aux affaires européennes.