C’est un Bernard Gauducheau, bien circonspect sur Paris-Métropole qui a répondu à une interview pour Paris est sa banlieue mercredi 3 décembre à la mairie de Vanves. Pour l’instant l’adhésion de Paris-Métropole n’est pas à l’ordre du jour d’un Conseil Municipal de Vanves, mais Bernard Gauducheau, maire de Vanves (NC), ne croit pas à l’adhésion des communes de droite à Paris-Métropole, « je crains qu’il y ait un certain nombre de réticences ». La faute à un certain dévoiement du projet, notamment lié à « l’arrivée de la région et des départements qui sont venus s’impliquer dans les débats qui échappaient en quelque sorte aux maires », sans compter le fait que l’on soit en période préélectorale au niveau de la région qui peut entraîner des prises de positions spécifiques. Le maire de Vanves, qui fut pourtant le premier hôte de la Conférence Métropolitaine en juillet 2006, n’a pas « le sentiment qu’on fasse les choses dans l’ordre ». Pour lui, le rôle de la conférence métropolitaine était d’envisager des politiques spécifiques en matière de logement, en matière de transports, en matière de péréquation financière. Avec la création de Paris-Métropole, face aux travaux du secrétariat d’Etat à la région-capitale, il a peur qu’on ne parle plus de la même chose. D’un côté on parle d’un “projet ambitieux, d’avenir, qui va placer la métropole sur la scène européenne et internationale“, et de l’autre côté « on va parler boutique ». Bernard Gauducheau veut un Paris-Métropole qui soit un partenaire pour un débat constructif, et reproche à certains, notamment à la région de vouloir transformer Paris-Métropole en lieu d’opposition à l’action du gouvernement, faisant référence notamment à la sortie de Mireille Ferri, vice-présidente Verte de la région lors de la dernière réunion de la Conférence Métropolitaine. Donc s’il salue l’action de la mairie de Paris qui a amorcé le dialogue avec la banlieue à travers des chartes de coopération puis la conférence métropolitaine, il craint que la troisième étape que constitue la transformation de la conférence métropolitaine en syndicat mixte suscite plus que des réserves, notamment en raison de l’attitude de la région. Enfin, il souhaite que l’Etat joue un rôle déterminant, et pourquoi d’ailleurs ne serait-il pas amené à trancher sur un projet comme la rocade de métro de banlieue si on n’arrive pas à avancer. Une interview qui permet de mieux comprendre pourquoi Philippe Laurent, le maire de Sceaux, beaucoup plus enthousiaste que Bernard Gauducheau, vient d’écrire une lettre à ses collègues des Hauts-de-Seine !
L’adhésion de Vanves à Paris-Métropole est-elle prévue et à quelle date ? D’autre part, on a annoncé la fusion de Val de Seine et d’Arc de Seine à la quelle appartient Vanves, quel sens donnez-vous à cette fusion par rapport à une possible adhésion à Paris-Métropole ?
Vanves, cela paraît presque Paris intra-muros, juste de l’autre côté du périphérique. Comment est vue la question du Grand-Paris par les habitants de Vanves ?
Le syndicat mixte Paris-Métropole devrait être officiellement créé début 2009. Vous insistez sur la nécessité de bien définir ce qu’est Paris-Métropole avant de lancer des études. Pour vous Paris-Métropole, c’est quoi, un périmètre, des missions, un mode de gouvernance ?
La première session de la Conférence métropolitaine s’est tenue en juillet 2006 à Vanves, toute une symbolique alors qu’à l’époque il y avait un boycott de cette initiative. Pourquoi avez-vous alors entamé cette démarche dans laquelle vous deviez vous sentir un peu seul ?
La question du Grand-Paris dépasse les clivages gauche-droite, en tout cas jusqu’à un certain point ou moment. Pourtant lorsqu’on arrive au pied du mur, la création de Paris-Métropole par exemple aujourd’hui, on a l’impression d’une nette crispation et que le jeu politique voire politicien revient. On a vu l’abstention de la droite au vote du Conseil de Paris, les prises de positions de Roger Karoutchi. On finit par avoir un Paris-Métropole considéré comme un label de gauche, contre un Grand-Paris labellisé à droite. Bref le même genre d’attitude qui avait marqué la gauche dans son soutien de groupe si on peut dire au SDRIF. Comment pourrait-on faire sortir le débat sur le Grand-Paris d’un clivage gauche-droite systématique ?
Vous aviez dit que dans Paris-Métropole, il y avait un grand oublié et que vous souhaitiez que l’Etat joue un rôle plus important. Et il est vrai que Paris, le Grand-Paris, la région-capitale, ne sont pas une agglomération comme les autres en France, en raison du rôle de capitale, mais aussi de son poids, population, PIB, etc. Mais on sait bien qu’une intervention de l’Etat déclenchera immédiatement des protestations sur une possible attaque de la décentralisation. Quel rôle souhaitez-vous donc voir joué par l’Etat ?
La semaine dernière se tenait un colloque sur les métros de banlieue à Nogent-sur-Marne, où il a été beaucoup question de MetroSur, la rocade de banlieue de 40 km réalisée en 35 mois, et d’Orbival, premier tronçon d’une possible rocade de métro en banlieue parisienne. On a vu un fort consensus des élus, maires et conseillers généraux, de la RATP, mais la prise de parole du STIF a été la douche froide. Quelle est votre position sur cette rocade de banlieue ?
Propos recueillis le 3 décembre 2008 à Vanves
Jean-Paul Chapon