L’auteur mène une vie de bohème, de « clochard de luxe » dans le Paris du début des années 60, il joue de la guitare dans un club parisien mais celui-ci brûle. Il part alors tenter sa chance à Bruxelles.
Un chantier désert, un tas de cailloux et un type qui fait du stop. Une Roll Royce blanche s’arrête. La providence lui envoie le célèbre jouer de blues, Memphis Slim, dont il devient le « road manager » ou roadie, l’homme à tout faire. Il suivra ainsi la célèbre revue Chicago Blues Festival à travers l’Europe. Ils sont tous là, Willie Dixon, Champion» Jack Dupree, Brownie McGHEE.
Ces personnages réels décrits dans ce livre prennent vie après des années passées sous le verre du cadre qui orne mon bureau. Non, cela date d’encore plus loin. Mes parents dénichèrent un vinyle aux puces, une compilation du Chicago Blues Festival avec cette pochette en noir et blanc qui m’accompagne depuis toujours. Sur ma première platine disque, Phillips. Puis, je rachetais le CD. Un disque d’une vie qui colle à la peau. Et tous ces personnages qui hantèrent mon imaginaire se matérialisent entre ces pages. Enfin. La rencontre. Ils sont bruyants, aiment l’alcool, la fête, la musique. Ils s’animent tout droit sorti de cette pochette jaunie par le temps.
Dans ce livre aux phrases courtes et précises, l’auteur, également compositeur pour Souchon, Dutronc ou Julien Clerc, décrit le quotidien de la tournée européenne de ces pionniers du blues. Dernier sursaut de popularité pour une musique qui engendre le sacre du rock et dont nous découvrons les débuts d’un groupe de dignes représentants : les Rolling Stones.
Qui est cette Angie qui donne son nom au titre de ce livre ? La même selon l’auteur que celle qui inspira le célèbre titre des Rolling Stones. A moins que ce soit le titre des Stones qui inspira le livre. La question demeure entière sur l’identité de cette Angie. Serait-ce la fille de Keith Richards comme celui-ci l’affirme ? L’ex femme de David Bowie qui dans son autobiographie accrédite cette version par les relations étroites qu’elle entretenait avec Jagger et Richards ?
L’Angie décrite dans le livre de Mc Neil est une belle femme, toujours aux côtés de Memphis Slim dont le jeune narrateur tombe amoureux. Comme pour la chanson, on ne sait pas vraiment qui est cette créature parfaite ? Quels sont ses liens avec le chanteur de blues ?
Extraits :
"Et si Paul programme surtout beaucoup de jazz, il n'est pas sectaire du moment que le gars à un moment donné, interprète Ice Cream, sa chanson favorite, ça donne à peu près ça:
Ice Cream
You scream
Everybody screams for ice-cream...
(...) ce fameux ice cream nous vient je crois bien de Tin Pan Alley, il faudra un jour que je demande ça à More, le joueur de washboard et batteur des Haricots Rouges, un groupe de musique de New-Orleans qui fait un tabac en ville ces jours ci"
"Ce soir, nous avons le plaisir d'accueillir l'ambassadeur des Etats-Unis, nous respectons son anonymat mais Memphis veut quand même lui dédier une chanson ..."
L'homme a l'air gêné du gamin qu'on surprend à tremper son doigt dans le pot de confiture. Pol braque une poursuite sur notre ambassadeur que les gens applaudissent, il doit se lever, le "métier" du parfait diplomate reprend vite le dessus, il se sort très bien de cet exercice, saluant l'assistance dans son rond de lumière. Memphis pose alors les mains sur son clavier.
"Je voudrais ce soir dédier cette chanson aux ambassadeurs qui nous représentent à travers le monde, la chanson s'appelle If you see Kay ..."
Les gens applaudissent à nouveau, mais tous les anglophones hurlent de rire, Angie la première. Je me demande alors où peut être la blague … Puis c’est l’étincelle : « If you see Kay », épelé en anglais, ça donne FUCK… »
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 13 août à 16:50
Bonjour, excellent livre, qui se lit tout seul, en "one shot" avec effectivement la présence de grandes figures du blues, que l'auteur arrive à rendre attachantes tout en les abordant avec humilité et leur laissant leur part de mystère... qui fait la magie de cette musique ! Le parallèle avec votre disque "de vie" rend également votre article attachant. J'aurais aimé ressentir cela à la lecture du livre :)
Par contre, il n'est pas question du Chicago Blues Festival dans le livre, mais bien de l'American Folk Blues Festival, qui est européen et dont la première édition a réellement eu lieu en 1962, organisée par deux allemands. A ma connaissance, le Chicago Blues Festival est postérieur à l'American Folk Blues Festival. Je crois qu'il est né quelques années plus tard, mais c'est à vérifier. Cela dit, l'idée de "revue" prend son sens au vu des noms cités dans le livre et de leur place dans le Chicago Blues (ne serait-ce que Memphis Slim justement). Mais elle n'existait pas en 1962 sous l'idée de Chicago Blues Festival. Comme l'explique d'ailleurs l'auteur dans le livre, les bluesmen sont à l'époque confinés et habitués à jouer dans les clubs et boites dédiées au blues, pas sur des scènes de festival. En espérant ne pas avoir fait d'erreurs dans cet aparté !