Alors que la France disserte sur le rapport de la commission Leonetti, cette question de la fin de vie provoque également des remous au Luxembourg.
Le Grand-Duc Henri qui règne depuis 2000 sur ce petit état connu pour son air frais et sa fiscalité douce vient en effet de refuser, pour des raisons de conscience, de signer un texte voté en
première lecture au parlement et dépénalisant l'euthanasie sous certaines conditions. Comme Baudouin 1er de Belgique face à l'avortement en 1990.
Geste royal d'un duc en colère. Décision lourde symbole d'un homme de conviction. Mais refus impuissant d'un souverain sans pouvoir.
Car notre ami le Premier Ministre Jean-Claude Juncker, qui avait déjà voulu passer en force une constitution européenne refusée par de nombreux pays, a décidé dans sa grande mansuétude et son infini respect de la loi de faire un mini-putsch, changer cette satanée constitution luxembourgeoise qui l'embête et réduire les prérogatives du grand-duc : "Parce que nous voulons éviter une crise institutionnelle, mais en même temps respecter l'opinion du grand-duc, nous allons supprimer le terme 'sanctionner' à l'article 34 de la Constitution et le remplacer par le terme 'promulguer'. Cela veut dire qu'il va seulement promulguer les lois pour qu'elles rentrent en vigueur."
Jean-Claude Juncker souhaite ainsi changer la constitution luxembourgeoise alors même que le prince n'use de ce pouvoir qu'une fois par siècle ! Le Luxembourg n’avait en effet pas connu de crise constitutionnelle depuis 90 ans. En 1919, la Grande-duchesse Marie Adelaïde était sortie de sa position de neutralité politique pour prendre le parti des catholiques sur une loi limitant l’influence de l’Eglise dans l’enseignement. La Grande-duchesse avait abdiqué mais la monarchie constitutionnelle avait été confirmée par référendum.
Le sujet de la fin de vie est un lourd débat. Et ce billet d'humeur n'a pas vocation à fourmiller d'arguments. Mais un geste unique et fort d'un prince qui ne se prononce jamais, qui fait preuve des vertus de prudence et de tempérance, devrait nous conduire à réfléchir à nos engagements pour un monde de justice, d'amour et de paix.