Il y a des tensions entre le parlement et le gouvernement

Publié le 07 décembre 2008 par Cédric Tamboise

Tiens, un billet politique...ça faisait longtemps ^^

J'entends de plus en plus que le parlement est en conflit avec le gouvernement, même au sein de la majorité, qu'ils disent...

Ca me pose un certain nombre de questions, et me donne envie de réfléchir sur le rôle du parlement, sur sa mission, son amplitude d'action, et la nécessité de la cohérence, ou non, avec le gouvernement et le président qui en l'occurence l'ont conduit à siéger.

  1. Est-ce que la majorité parlementaire a l'obligation de voter une loi, tel une secrétaire du gouvernement, promise ou demandée par le gouvernement / le président ?
  2. Est-ce que la majorité parlementaire a l'autorisation de s'opposer à toute ou partie d'une loin répondant à la description sus-citée ?
  3. Quel est le rôle des autres parlementaires, non membres de la majorité parlementaire, et donc a priori dans l'opposition ?
  4. Quel est le rôle des médias dans la retranscription des débats parlementaires ?

Voici donc des questions qui sont, pense-je, intéressantes à creuser pour bien cerner les enjeux des réformes en cours...

La majorité, secrétaire du gouvernement ?

Cela a été le cas pendant un bon bout de temps. En dehors d'une cohabitation malsaine, le président proposait, le gouvernement rédigeait, et le parlement votait. Basta, circulez, il n'y a rien à commenter. 

Cela va sans dire que ce genre de caricature de démocratie ne va qu'un temps, et qu'elle n'encourage assurément pas le débat d'idées, ni la remise en question de l'Etat.

Au « non » de l'opposition

S'il y a un truc qui me sort par les trous de nez, ce sont les blocages débiles et les oppositions non constructives, et si vous prenez la peine de suivre un tant soit peu les débats au parlement, cela vous sautera aux yeux: l'opposition actuelle (et cela semble malheureusement vrai aussi de manière historique) se borne à scléroser le débat sur des points de débats polémiques, ou présentés comme tels, plutôt que d'essayer d'appréhender l'ensemble du texte débattu, et de l'améliorer.

L'exemple le plus criant concerne la loi désormais adoptée sur l'immigration, et caricaturée par les tests ADN. C'était une loi globale sur l'immigration, et tout le débat s'est porté sur un seul point, largement amendé et vidé de son sens d'ailleurs, plutôt que de regarder le reste. Bref, une loi qui passe comme une lettre à la poste ou presque. En magie, on utilise cette technique pour faire des tours: attirer l'attention sur un point pour vous faire un enfant dans le dos. Je ne sais pas si c'était intentionnel, mais ça a carrément marché.

Les médias dans le débat démocratique

Les médias ont plusieurs buts et missions:

  • le premier, vicéral ou présenté comme te: être un véritable troisième/quatrième/après j'arrête de compter pouvoir permettant le débat et la contre-proposition;
  • le second, éduquer et informer la population;
  • le troisième, nécessaire: il faut bien manger, et donc vendre un max.

En caricaturant un peu, leur boulot au quotidien se résume à:

  • pour assurer le premier objectif, on râle et on relaie les objections de l'opposition;
  • pour garantir le troisième, on se cantonne à ces mêmes objections et points de polémiques bien lourd, histoire de vendre ou de faire de l'audience ;
  • et on oublie allègrement le second, carle plus coûteux et le moins vendeu, la faute aux cons qui lisent et achètent à nous

Je reprendrais ici l'exemple des tests ADN: je pense que dans ce cas précis, les médias ont clairement échoué dans leur rôle d'information et d'éducation, et portent une lourde responsabilité dans la désinformation sur la loi de l'immigration et les débats qui ont eu lieu autour.

Quand bien même l'opposition n'est pas fichue de débattre de manière constructive, ça devrait être le rôle des médias de débattre et d'informer sur l'ensemble de la loi, et pas sur un simple amendement polémique et stupide, qui de fait ne sera jamais utilisé, car trop compliqué à mettre en oeuvre.

La majorité, vraie force de proposition face au gouvernement ?

Vous remarquerez que je n'ai ici cité aucun parti, et car je pense que ces questions dépassent largement une alternance particulière, et il y a fort à parier que l'on pourra se les reposer de manière très similaire si la majorité vient à s'inverser à la prochaine législature.

Ce qui m'interpelle, c'est que l'opposition, surtout dans le rapport de force actuel, mais dans l'absolu, en tant que minorité parlementaire ne sert a rien. Elle ne propose rien de construit, se contente de polémiquer et de caricaturer, et dans le cas présent, n'est même pas capable de se positionner de manière constructive sur des sujets de société qui devraient faire une certaine unanimité.

Par contre, ce que les médias soulignent comme des tensions entre gouvernement et majorité relève selon moi de la bonne marche d'une démocratie dans laquelle le parlement est en bonne santé. En effet, vous aurez je le pense noté que les projets de lois proposés par le gouvernement sont largement amendés par la majorité. Que les textes vivent et évoluent, et que cela ne les empêche pas, pour la plupart, de sortir de manière construite et performante (attention, je ne juge pas ici le fond, c'est un fait a priori peu objectable).

J'en conclue donc que la majorité n'est clairement pas une force d'opposition systèmatique comme peut-être la minorité parlementaire (dans l'absolu), ni même une source de tension ou de bloquage (ou ne devrait pas l'être), mais avec la liberté élargie de son ordre du jour, la force de son nombre, elle peut, et assurément doit être une force de proposition constructive, permettant un dialogue et un débat démocratique sain entre le gouvernement nommé, et le peuple électeur.

On pourrait alors être en droit que les médias soulignent bien plus les débats d'idée que les petites phrases et les conflits de personne, mais on est alors dans l'utopie la plus complète, et ce n'est pas le sujet ici

Source de l'image: Julie70 @ Flickr / CC BY SA NC