1. Il s’en donne à cœur joie notre grand Journaleux Claude Askolovitch. Depuis longtemps, il a pris parti pour la plus souriante des guerrières (Ségolène), rajoutant dès son entame de la page 2 : « Martine Aubry ne ressemble pas à une gagnante ». C’est qu’il est dépité notre Clo-Clo sans sa Clodette. Après toutes les Unes qu’il lui a consacrées, après tant d’articles louant sa bravitude, le cher Claude est de très mauvaise humeur. Il trépigne, il veut qu’on rende à sa Favorite une victoire qu’on lui a volée.
Le catastrophisme est la tonalité-fil-rouge de tous les articles de son journal du Dimanche. Il n’y est question que « d’impasse, de catastrophe ultime, de méthode d’intoxications intolérables, de bras de fer, de parti ingouvernable, de soif de revanche, de guerre et de guerrières ».
BiBi fait l’hypothèse que la déception du Grand Rédacteur en Chef n’est en rien de nature politique. Non, non : pour le toutou à Lagardère, Ségolène rentrée dans le rang, ce sont des journaux invendus en plus, de futurs tirages à la baisse. Ségolène Royal est une icône qui ramène des lecteurs et qui fait tourner les rotatives. Martine Aubry, un peu rêche et un peu Vieille France, un peu plus à gauche aussi, fait beaucoup moins vendre.
Ces deux raisons conjuguées poussent ce cher Claude au Catastrophisme et au Favoritisme pro-Ségolène. Oui « le Pouvoir est en elle ». Il vitupère : « elle forcera ses adversaires à s’humilier, elle continuera de les attaquer de l’intérieur du Parti ou devant les Tribunaux. On (Jospin) l’insulte, on la jalouse, on (Mélenchon) la hait ». Tout est fait pour amplifier le Désastre et s’en gargariser. Ce n’est pas faux tout ça mais on aurait aimé la même curée pour Little Nikos contre Chirac ou encore Little Nikos face à Villepin.
Tout est écrit et organisé pour faire croire que Martine Aubry a volé sa victoire : « Journée de dupes, de tromperies, de tricheries ». Les projections de François Rebsaden et de Julien Dray – démenties plus tard – font partie du « drame ». Royal devient une « Résistante » (et les Résistants gagnent à la fin). Lorsque Manuel Valls monte au front, « un frisson révolutionnaire gagne l’assemblée » et « la coterie d’apparatchiks doit être balayée par une révolution démocratique ». (Ces deux dernières phrases sont du Journaleux).
Surabondance de l’info cousue main, tissée de clichés sans les interroger ; vision platement descriptive avec coups de gueule qui ont la même tonalité que les injures d’un supporter du PSG ; absence de distance critique. En somme, rien de neuf : c’était le banal quotidien d’un journal du dimanche.
2. Les Journaleux du Journal ont vite pris le pli : il faut toujours qu’ils en fassent des tonnes et des tonnes sur la grogne interne à l’UMP. Cette fois-ci, c’est sur le Travail dominical. BiBi dans un autre article rappelait que les braves Toutous de la Presse écrite dissertaient beaucoup sur ces députés qui se levaient contre les textes préparés par le Patron (Little Nikos) mais qu’ils restaient étrangement silencieux lorsque ces mêmes Rebelles de l’UMP se couchaient. C’est que ces députés nous servent toujours le même roman en jouant sur les deux tableaux : ils sont contre le travail le dimanche (« Je lutterai contre ce texte jusqu’au bout » rapporte Bernard Reynès du 13. « C’est notre conception de la vie en société qui est en jeu » clame Jean-Frédéric Poisson, UMP du 78) mais leur majorité à la Chambre sera toujours majoritaire. Ils jouent ainsi sur du velours à la grande satisfaction de leur boss qui se crée des adversaires en interne, les utilise en les traitant de rétrogrades et les voit ramper malgré leurs protestations. Pour – in fine – se voir en battant, gagnant et Grand Réformateur.
Toute cette Fiction a cette ultime raison d’être : il faut étouffer les protestations de ceux qui vendent et vendront leur force de travail tous les dimanches aux Quatre Saisons que le Bon Dieu a faits.
3. Dans l’Actu@net de l’avant-dernière page du même journal : ni cris, ni chuchotements. Toujours pas un mot sur BiBi et ses amis qui prennent pourtant bien soin, chaque dimanche ou presque, de la Niche et de la Nichée Lagardère.