Enfin ! Après mout valses-hésitation et autres tergiversations, Nicolas Sarkozy qui redoutait si fort de froisser nos «amis» chinois a quand même fini par rencontrer le chef spirituel du Tibet.
Lequel lui a passé autour du cou la traditionnelle «kata»… image que Pékin ne voulait surtout pas voir, selon Libé : Nicolas Sarkozy «serein» a rencontré le Dalaï lama. Elle devait sérieusement l’embarrasser autour du cou (pour la photo !) car vous remarquerez qu’il la tient dans les mains et que visiblement, il ne sait qu’en faire… Il se serait sans doute bien volontiers assis dessus pour que l’on ne puisse la voir, mais cela ne se fait pas.
Serein ? Je l’écrirais plutôt «serin»… L’Elysée penserait dès maintenant – la «corvée» finie… Etait-ce si difficile ? – «une prochaine rencontre avec les dignitaires chinois pour tenter de mettre fin à six mois de crise et de nouvelles menaces de boycott des produits français»…
Serin, parce qu’il pense pouvoir amadouer le «dragon chinois» il se fiche totalement «digito in oculo»… Avec eux c’est «cause toujours tu m’intéresses»… et selon l’interview accordée à Libé par Jean-François Huchet, installé à Hongkong où il dirige le Centre d’Etudes français sur la Chine contemporaine, les menaces doivent être prises au sérieux : Pékin peut porter des coups sévères :
«Elles pourraient faire mal de façon visible et rapide. Le commerce extérieur de la France en Chine est axé sur des gros contrats et de grosses entreprises. (…)Des baisses ou des annulations de contrats avec la France, c’est très possible, car c’est l’Etat qui décide de construire un métro ou des lignes de chemin de fer».
Toutefois, il en relativise les conséquences sur le commerce entre la Chine, la France et l’Europe, notamment en cas de boycott des produits français, : qui «serait un signal très défavorable, l’Europe se sentirait stigmatisée et il y aurait un retour de bâton sûrement assez fort».
D’autant plus que «L’exaspération européenne à cause du Tibet et du dalaï-lama peut aussi réactiver des problèmes anciens et non réglés, comme la propriété intellectuelle, les déficits commerciaux, la sécurité alimentaire ou l’accès difficile au marché chinois des produits européens. Bruxelles a déjà annoncé de nouvelles taxes sur certaines entreprises qui produisent des boulons pour l’industrie automobile. Il sera intéressant de voir si c’est le début d’une politique protectionniste».
D’ailleurs, la tentative de boycott des hypermarchés Carrefour en Chine, instrumentalisée - sur fond d’orgueil nationaliste bafoué - par les autorités chinoises au printemps dernier : retour de flamme (olympique) après son tumultueux passage à Paris avait eu fort peu d’effets sur la majorité de la population.
Enfin, comme je le soulignais hier, la crise financière et économique force le «Pire du Milieu» à faire résipiscence et adopter un profil nettement plus bas : «La Chine a beaucoup trop besoin de l’économie mondiale aujourd’hui. Il faut qu’elle maintienne des relations commerciales extérieures, trop d’indicateurs sont au rouge pour qu’elle se replie sur un modèle de croissance endogène».
Autant de raisons qui devraient plutôt pousser Nicolas Sarkozy à leur tenir fermement tête plutôt que s’agenouiller une fois de plus devant les «tigres» - de papier – qui règnent à Pékin !