… soixante-cinq ans (*).
par Chambolle
Et de détailler les signes extérieurs qui permettent de classer le retraité moyen dans la catégorie « Privilégiés » au même titre que Mmes et MM Bettancourt, Pinault, Bolloré et autres Lagardère. Le sexagénaire moyen est propriétaire de son logement, il bénéficie d’une retraite obtenue après « seulement » trente sept annuités et demie de service, enfin il paie des cotisations sociales inférieures à celles des actifs. Information supplémentaire et qui ne surprendra que ceux qui n’ont jamais été confrontés à la perversité humaine, non content d’être riche, le vieux est pingre. Au lieu de se payer, comme tout le monde, un yacht, une Ferrari et un ordinateur portable incrusté de diamants, produits qui paient la TVA plein pot, il achète des médicaments ou, pire encore, des livres, marchandises faiblement taxées qui ne rapportent que broutilles aux caisses de l’Etat.
Plus sérieusement, Monsieur le Président du CPO sait très bien que, la plupart des sexagénaires qui sont propriétaires ne le sont devenus que parce qu’ils ont acquis maison ou appartement à force de travail et d’économies. Il n’ignore pas non plus que, si les politiques des salaires suivies ces trente dernières années avaient été moins outrageusement favorables aux actionnaires et donc, défavorable aux salariés, le problème de l’équilibre du système des retraites ne se poserait pas dans les mêmes termes. Il doit aussi être informé que beaucoup de personnes âgées ne paient pas l’impôt parce que leurs ressources sont des plus limitées. Du coup, ses déclarations enflammées sur l’« inéquité générationnelle » qu’il faudrait combattre toutes affaires cessantes apparaissent pour ce qu’elles sont : un moyen cousu de fil blanc et, pour tout dire, assez pitoyable de préparer l’opinion à un alourdissement des prélèvements obligatoires sur les retraites
Les riches, via le bouclier fiscal et la baisse de l’impôt sur le revenu, contribuent de moins en moins au budget de l’Etat. Il faut donc, nécessairement, faire payer les autres. Parmi ceux-ci, les retraités sont une cible de choix : aucun risque qu’ils se mettent en grève, qu’ils bloquent les aéroports ou les voies TGV ni qu’ils gâchent les voyages du chef de l’Etat par des manifestations musclées. Pour faire passer la pilule, un peu de démagogie n’est pas inutile. Personne n’aime les privilégiés. Pourquoi ne pas tenter de les faire passer pour des profiteurs à qui il faut faire rendre gorge ?
Il n’est pas sûr pourtant que la magouille réussira. Monsieur le Président du CPO note, avec une pointe de regret, que ces classes d’âges se tiennent mieux informées et sont plus organisées que leurs cadettes… Des gens qui lisent et qui croient à l’action collective, voilà, en effet, une raison sérieuse de douter du succès. Salauds de vieux !
Chambolle
(*) Les infos reprises dans cette note sont tirées d’articles parus dans le Monde daté du dimanche 30 novembre 2008
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