Quand j’ai travaillé à Rennes avec des étudiants étrangers, j’ai eu l’occasion de leur faire dire un extrait de cette pièce de Jean Michel Ribes où la faune que l’on côtoie dans les grands musées parisiens est mise en scène sur le fonds des œuvres d’art vers lesquelles ils se précipitent… Les étrangers ont du mal à prononcer les noms comme « Paul Gauguin »… Exercice jubilatoire quand on demande à un jeune Chinois de jouer le rôle du guide et de corriger le mauvais accent d’un groupe où se réunissent des Anglais, italiens, Espagnols ou autres Coréens.
Pour cette raison, j’avais envie de voir le film tiré de la pièce et qui bénéficie d’une vogue d’avis favorables. J’en ressors avec un avis très mitigé. Certes, le spectateur savoure quelques passages bien enlevés, la circulation dans les différentes galeries aux côtés de grands acteurs, la fébrilité des amateurs d’art, le stress et l’émotion que communique la forêt des salles… J’ai aimé le moment où les gardiens, Lucchini en tête, parlent du malaise que leur inocule la transfusion permanente de la Beauté au quotidien, le moment où les faux artistes bluffent sur l’œuvre d’art, l’agitation permanente du musée, la diversité des gens, la réécriture de certains tableaux (le chemin de croix, le radeau de la Méduse…).
Mais franchement,
je trouve la fin manquée, tirée par les cheveux. Et puis la pièce me semble tenir par un assemblage de sketches type cabaret. Trop de délayage pour
chaque scène, cela finit par énerver et alourdir inutilement une observation à l’origine intelligente. Bref, il semble que l’auteur se soit attardé sur une idée de base géniale qui ne suffisait
pas pour faire une pièce.