LEONERA
Un film de Pablo Trapero
Avec Martina Gusman, Elli Medeiros, Rodrigo Santoro, Laura Garcia, Tomás Plotinsky ...
Synopsis
Ce matin là, Julie se réveille le corps couvert de sang, deux hommes étendus près d'elle, elle ne se souvient pas de ce qui s'est passé exactement, excepté qu'elle s'est défendue. Accusée, elle est incarcérée, elle n'a que 26 ans et elle enceinte. Elle donne quelques mois plus tard naissance à un petit garçon, Thomas, qui va lui apporter d'incroyables moments de bonheur, lui donner envie de se battre, de survivre, mais condamnée à 10 ans de prison, elle sait qu'elle ne pourra pas le garder auprès d'elle, qu'il lui sera enlevé dès ses quatre ans. Lorsque sa propre mère s'arrange pour lui ravir son enfant avant qu'il ait atteint cet âge, bouleversée, elle se révolte et va tout mettre en oeuvre pour le retrouver.
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Le film s’ouvre sur un gros plan de ce qui pourrait être un tableau, une chevelure et un profil de femme endormie dans sa blondeur, les mains et les ongles rouges.
Enjambant ce qui semble être les traces d’une mise à sac, le corps marqué passe sous la douche et file au travail hagard. Ce n’est qu’au retour, que l’appartement dévasté se révèle, deux corps y gisent…Billet d’entrée pour Julia à la prison pour femmes. A une nuance prés elle est enceinte et bénéficiera donc du quartier réservé aux futures mères, privilège accordé pour une durée de quatre ans.
Le réalisateur Pablo Trapero a choisi la carte de la véracité. La prison est réelle, le personnel et même une grande partie des détenues vivent dans cet établissement. Son actrice qui accomplit une performance enthousiasmante n’est autre que sa propre épouse. Et c’est peut-être de cette promiscuité entre deux êtres qui se connaissent bien, que provient la magie du film. Un homme qui filme une histoire terriblement féminine, il y est question de maternité, mais aussi de rapport de femmes entre elles. Et le script évite aisément les clichés, on s’aide, on s’aime, la sexualité n’est plus un tabou juste une nécessité, ici comme dehors il existe quelques règles assez souples comparées à celles que l’on peut rencontrer dans un univers carcéral où l’on est cantonné dans des cellules de quelques mètres carrés.
Une réalisation impeccable, la caméra s’attarde sur le tranchant diabolique de ces barbelés, s’éloigne et capte le mirador et le garde qui sillonne sur le mur d’enceinte. Plus tard plus bas, ce sera le défilé des voitures d’enfants, les mères emmènent leurs rejetons à la garderie, salles de jeu où seuls les enfants sont conviés.
Julia , à son admission refusant tout ,se martelant le ventre de coups de poing, refusait-elle l’enfant ou bien le fait qu’il puisse naitre en prison ? La question nous est posée !
Le quotidien pas si ordinaire de ses femmes mérite toute notre attention, la caméra est discrète et pourtant partout, elle capte des instants de joie comme de détresse, elle s’attarde sur l’amitié immense qui nait et jusqu’au bout jamais ne se démentira entre Julia(Martina Gusman) et Marta (Laura Garcia). De la protection, à la tendresse, l’entraide celle qui réunit sans doute bien des mères en ce monde, encore plus celle-là , sans oublier et cela il nous faut l’imaginer qu’au dehors règne un milieu machiste. Ainsi de cet ami lâche et fuyant.
De sa propre mère (toujours un plaisir de revoir Elli Medeiros), qui ne rêve que de lui arracher l’enfant pour lui offrir une enfance dorée..Oui mais loin de celle qui l’a porté et l’aime enfin plus que tout ce fruit de sa chair pour qui elle donne tout car ici tout acquiert une valeur autre !
Voila un film passionnant, une interprète magnifique, juste, faible puis forte, une présence remarquable de Laura Garcia à ses cotés, deux femmes qui s’épaulent. Une mise en image d’une grande justesse, un décor qui n’en est pas un, des détenues comédiens, tout cela concourt à un moment captivant. Suivre Julia dans son parcours, dans sa lutte s’avère jusqu’à la fin passionnant..
La fin, bizarre. ..J’ai comme un trou de mémoire..Vous me la rappellerez n ‘est-il pas ?
Excessif.Com "...Alors que les conditions d'enfermement sont peut-être plus souples dans cet établissement accueillant de jeunes mères, quelques séquences venant d'ailleurs illuminer de façon inattendue ce récit, certaines images choquent néanmoins terriblement, celle de ces femmes conduisant leurs enfants à la crèche, poussant des poussettes derrière les barreaux le long d'un couloir dénudé, celle d'un enfant se balançant sur les grilles derrière lesquelles il s'amuse. Le regard du cinéaste est tranchant, sans aucune fioriture, il filme la réalité et en ce sens au-delà du cheminement désespéré de son personnage, son film se rapproche du documentaire...."
CritiKat.Com "...ce film où se jouent tout à la fois l’éveil à la maternité, l’existence carcérale, la solidarité féminine, avec une question centrale et insoutenable : comment préserver l’enfance, coûte que coûte, entre les murs d’une prison..."
àVoir-àLire.Com "..Si le tragique n’est jamais bien loin (cela dès la comptine du début dans laquelle des enfants demandent où est la maison... On verra que certains n’ont que la cellule de leur mère en prison), Leonera est tout sauf un film triste. Au contraire, c’est une ode à la liberté..."