Jules a lancé l'idée de photographier nos PAL afin qu'elles nous racontent une histoire. J'avais trouvé cela marrant et sympa, mais comme tout ce qu'on ne fait pas tout de suite (ah, procrastination, quand tu nous tiens !), j'ai oublié... jusqu'à ce que je tombe ces derniers jours sur un billet de Valdebaz, qui m'a donné l'envie moi aussi de vous faire partager ma PAL...
Bien sûr, je vous ai déjà souvent raconté des Histoires déglinguées, mais celle-ci mériterait d'être inscrite dans Le carnet d'or, ou bien de figurer dans Une page d'histoire, comme un exemple de la bêtise des hommes... Mais, Parce que je t'aime, toi, cher et fidèle lecteur, je veux te faire partager aujourd'hui Les divins secrets des petites yaya, et te prévenir que Les bienveillantes, ces jeunes filles charmantes dont les jeunes hommes rêvent en secret ne sont pas si bienveillantes que cela...
C'est tout d'abord l'histoire d'une Passion simple, qui comme beaucoup d'histoires entre amoureux débute dans La chambre. La femme fut Infidèle mais lui ne le sait pas encore, et bien que son prénom soit synonyme de lumière, on pouvait la surnommer aussi Clara et la pénombre, tant elle était secrète, étrange, perdue même parfois Into the wild, jusqu'à des Brooklyn follies qui faisaient peur à ses proches... Mais comme elle était belle, et drôle, et originale, on lui passait toutes ses folies, ses lubies...
Ce soir-là, elle avait trouvé pour son ami un Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants, et elle avait organisé un rendez-vous dans La chambre d'Albert Camus, cette fameuse chambre dont elle attendait inspiration, ambiance particulière... Elle avait mis à ce rendez-vous quelques impératifs, il fallait endosser un rôle, se déguiser, et il devrait, pour avoir accès aux charmes de la belle, tenir scène, déclamer son amour, bref, la séduire encore. L'amant, ponctuel, comme le lui avait conseillé son vieil ami plus au fait de ce genre de situation ("N'attendez pas trop longtemps, et ne la faites pas trop attendre, elle !") s'était présenté comme Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, un géant qui faisait peur, Le colosse d'argile en personne, car il savait la jeune femme éprise d'hommes forts, dont le corps musculeux l'attirait plus que tout. La rencontre se déroula fort bien, les deux étaient tout à leur affaire, jusqu'à ce que l'homme commençât à se vanter de son succès auprès de la gent féminine et à arguer que Les onze mille verges du poème d'Appolinaire n'arrivaient en qualité pas à la sienne, bien plus apte à satisfaire l'appétit féroce de sa dulcinée... Mais celle-ci éclata soudain de rire et se mit aussitôt à dénigrer son partenaire, lui annonçant derechef qu'il n'était pas le seul dans sa vie, bien au contraire, vu ses piètres qualités d'amant, et qu'elle ne le gardait que parce qu'il était docile, un peu benêt, parfaitement malléable et très musclé... Celui-ci fut piqué au vif, on peut le comprendre et prit au premier degré toutes ces remarques, ces insultes, ces Petites infamies contre sa personne, et la nuit qui avait si bien commencé, qui devait être une longue nuit d'amour n'augurait plus rien de bon. La promesse de l'aube qui arrivait le transforma en Un ange sans pitié et il s'en prit au cou de la belle, serrant et serrant pour enfin la faire taire, éteindre ses paroles blessantes...
C'est ainsi que le lendemain, on put lire dans le journal le gros titre Mort à Dunkerque, et c'est ainsi que l'homme se retrouva avec la Chaleur du sang sur les mains, métamorphosé par son acte criminel, comme Kafka sur le rivage, empli de remords, ne pensant plus qu'à elle, celle qu'il avait tuée alors qu'il l'aimait, tuée pour qu'elle se taise, et qu'il appelait en cachette dans son coeur meurtri La muette... Il alla cependant à l'enterrement, et même avant avec la famille pour la voir une dernière fois dans La chambre des morts, pour tenter peut-être de trouver une Expiation à Die Sünde der Engel. Mais bien que La nostalgie du fossoyeur fut tout à fait flagrante, rien n'y fit et il repartit seul et malheureux, avec le poids de sa faute sur les épaules. Il vécut ainsi A year in the merde jusqu'à son suicide réussi, et pour lequel il laissa un mot narrant toute l'histoire.
FIN !
Merci Jules pour cette bonne idée, je me suis bien amusée !
(et les enfants pensent que je suis définitivement timbrée, m'ayant observée pendant plus d'une heure à quatre pattes en train de faire des piles de livres, de les défaire, de prendre d'autres livres, de parler toute seule...)