Forest Fire / "You're an animal. Sing about yourself"

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Ça sent la dernière goutte de Whisky, le dernier passage vif de main dans les cheveux gras et ténébreux, le dernier sourire maladif avant l'ultime descente dans un gouffre nébuleux. On se croirait même parfois au Canada, coincés entre les rocheuses et les forêts denses, vivant intensément un instant euphorique; les mains dans les poches et la guitare attachée sur le dos par une corde effritée. Survival, premier album atypiquement correct, mystique et voluptueux s'échappe fougueusement d'un endroit étouffant et glauque où l'impression de ne jamais innover est omniprésente.

Il y a deux ou trois accords fiévreux qui gravitent proprement autour d'une voix folk émouvante et démantelée, de temps en temps traversés par des infiltrations crunchy arrogantes (I make windows); et d'interminables voyages dissonants et souffreteux qui s'incrustent avant l'arrivée timide d'une voix claire digne d'un Dylan soigné d'un éraillement persistant (Promise). On imagine, complètement désorienté sur Steer Me un homme la tête dans un lit aussi défoncé que lui, les yeux pisseux et le regard vide, la bouche s'agitant lentement, à côté d'une batterie grinçante et percée, en opposition au single claquant, Fortune teller, morceau minimaliste et triomphant aux intonations pop cramponnées et au rythme plaisant; s'invitant aisément au milieu d'un album à l'allure excessivement triste.

Une blessure sanglante mais passagère, magnifiquement lancinante, prouvant un folk somptueux loin d'être périmé.

[MP3] Forest Fire - Fortune teller

[MP3] Forest Fire - I make windows

[MP3] Forest Fire - Psychic love star

[MP3] Forest Fire - Echoes coming