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Barack Hussein Obama II, un cauchemar français

Publié le 06 décembre 2008 par Vogelsong @Vogelsong

Toujours premiers pour donner des leçons, les français ont raté magistralement une occasion que l’Amérique, cette nation dite réactionnaire peuplée de nigauds, ne laisse pas passer. La victoire du démocrate B.H.Obama met le citoyen français face à ses errements, ses crispations.

Barack Hussein Obama II, un cauchemar français
« Ça fait 300 ans qu’on attend ça… » déclare, fébrile, un New-Yorkais. Après des mois de campagne B.H.Obama accède à la présidence. Face à lui, un ancien militaire débonnaire, qui prônait la rupture face à son prédécesseur républicain G.W.Bush. En effet, G.McCain a rapidement pris ses distances avec le catastrophique texan. Confortant la nouvelle thèse des conservateurs un peu partout dans le monde où ils se représentent sous la même bannière et jurent la main sur le cœur qu’ils sont la rupture, la modernité. Mais rien ne ressemble plus à un républicain qu’un autre républicain ; à un réactionnaire qu’un autre réactionnaire.
« Ça fait 2 000 ans qu’on attend ça… » aurait pu déclaré une Clermontoise en mai 2007. Mais, gavé de médias l’électeur hexagonal, comme un Panurge a élu le candidat TF1. Sur le moment, au « benchmark » des idées, personne ne peut objectivement affirmer que l’un surpasse l’autre. Le candidat UMP déplace les foules sur un slogan inepte « travailler plus pour gagner plus ». S.Royal tanne le péquin avec des concepts fumeux comme la démocratie participative et les petits drapeaux aux fenêtres. Match nul. Après un an demi d’expérience, au moment où l’Amérique désigne un président progressiste, la France se retrouve face à son échec. A sa tête, un petit bonhomme hyperactif qui gesticule dans tous les sens pour donner l’illusion du pouvoir. Après dix-huit mois de bouffonneries, ils sont de moins en moins à affirmer (subjectivement) la « supériorité » de N.Sarkozy sur S.Royal.
Les sondages montrent que 80% des Français voteraient pour le sénateur de l’Illinois. On doit se souvenir que l’un des axes de campagne du candidat UMP était le siphonnage des voix de l’extrême droite raciste. Catharsis ? Trop tard !
Les parallèles entre France et USA sont à manipuler avec précaution (comparaison n’est pas raison ?). Sur le plan politique, les centres de gravité sont différents. On le sait, les démocrates sont davantage libéraux économiquement. Alors que le PS se centrise (émergence de la baudruche Modem, « Delanoisme »), les démocrates musclent les propositions sociales (assurance santé, impôts). Les dynamiques existent. Risquons l’évaluation, la spéculation.

Pour les candidats progressistes, il y a des similitudes dans leurs points forts et leurs faiblesses. Jouant en défaveur, les « forces » internes à la société, conservatrice, qui s’appuient sur une stabilité et la perpétuation sociale. La peur du changement, le vrai, est facteur fondamental. Dans les sociétés de l’argent roi et du pouvoir symbolique, les bouleversements d’ordre économique sont très mal perçus par les élites déjà installées. Classiquement, les candidats de droite parlent de mouvement, de rupture, de réforme, mais garde une posture rassurante. Leur électorat de base comprend, les autres se laissent enfumer par une approche sécuritaire ou intériorisent la pédagogie de l’asservissement. Un paradoxe qui fonctionne plutôt efficacement en Europe. Dans ce cadre, l’élection d’une femme ou d’un métis relève du miracle.

A l’actif des progressistes, le sentiment profond qu’il faut que « ça change », vraiment. B.H.Obama déclara dans un de ses fastueux clips « je veux m’occuper des gens normaux, ceux qui travaillent, qui doivent payer leurs factures. Les multinationales sont assez fortes pour prendre soin d’elle-même« . Il verbalise le sentiment que la puissance publique doit s’occuper en priorité de ceux qui en ont besoin. Contrairement aux Français, une partie majoritaire de l’électorat étasunien l’a ressenti, et l’a concrétisé. La crise sûrement, mais pas seulement. Accompagner une femme comme un métis au pouvoir suprême reste très chargé symboliquement. Quelque soit la teneur du discours (plus ou moins radical), un candidat à gauche pas homme blanc* porté au pouvoir est un iconoclasme. Le premier grand pas d’une révolution démocratique radicale. Évidemment, le « reste » devra suivre sinon cela serait un immense gâchis.
Les Français prompts à faire la leçon sur les droits de l’homme, la politique, l’art de vivre ont propulsé au pouvoir pour au moins cinq ans, un gouvernement qui s’entiche de l’ostentatoire et ne s’occupe pas de ses citoyens. Ils avaient l’opportunité de « renverser la table », même symboliquement. Mais s’en sont détourné, pitoyablement. L’Amérique, celle qui (ré)élut le boucher irakien G.W.Bush en 2004, se lance aujourd’hui dans l’aventure du changement et de l’espoir. Certains pays changent, d’autres pas.

*L’hypothèse d’un président conservateur noir ou féminin est par essence une pure (science) fiction

Vogelsong – 3 novembre 2008 – Paris


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