Le colonel Jean Deuve, résistant et figure mythique du renseignement en Indochine et spécialiste du Laos, est décédé lundi à l'âge de 90 ans à Granville (Manche).
Né en Normandie en 1918, Jean Deuve a participé à la seconde guerre mondiale en tant qu'officier des troupes coloniales. Blessé lors de la campagne de France, il a rejoint au Bengale (Inde) en 1943 une unité spéciale placée sous commandement britannique, la Force 136, chargée des opérations clandestines en territoires occupés par les Japonais. Il est parachuté avec 9 autres membres de la Force 136 en janvier 1945 dans la province de Paksane (Laos), occupé par les Japonais.
Après la défaite du Japon, Jean Deuve a crée les services de renseignements laotiens, puis, en 1949, la police laotienne qu'il a dirigé pendant quatre ans avant de prendre la tête du renseignement auprès du gouvernement laotien.
Affecté ensuite jusqu'en 1968 à Tokyo au poste d'attaché militaire, il a coiffé les services secrets français en Extrême-Orient et a terminé sa carrière en 1978 au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece, devenu DGSE).
Il est notamment l'auteur de "Guérilla au Laos", "Le royaume au Laos", "Le service de renseignement des Forces françaises au Laos", "La guerre secrète au Laos contre les communistes". Son dernier livre, publié en février 2008 aux éditions du Nouveau Monde est intitulé "Histoire secrète des stratagèmes de la Seconde Guerre mondiale".
Jean Deuve était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre national du Mérite, commandeur de l'ordre du Million d'Éléphants et du Parasol Blanc et décoré de la Croix de guerre 39-45, de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures, de la Médaille de la Résistance.