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cette 83ème semaine depuis l'élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy a annoncé, ou fait annoncer, une réforme par jour. Un programme que se résume simplement : alimenter la psychose sécuritaire pour faire oublier la précarité. Psychose sécuritaire: l'arnaque Lundi, le député-lobbyiste Frédéric Lefebvre a d'abord ressorti une vieille rengaine : il faudrait détecter les comportements violents chez l'enfant ... dès la garderie ! Il n'y a que quelques extrémistes pour ne pas rigoler d'effroi devant une telle stupidité. C'était surtout une belle diversion pour masquer la gêne gouvernementale après l'arrestation musclée d'un journaliste de Libération. Mercredi, Rachida Dati recevait les recommandations d'une commission "d'experts" sur la justice des mineurs: sursis réduits, abaissement à 12 ans de l'âge de la responsabilité pénale, autorisation du cumul des peines. Les "experts" de la Commission Varinard avaient été bien préparés. Le durcissement de la répression contre les plus jeunes délinquants est le cheval de bataille d'une droite grossière qui répond toujours par la répression aux inégalités. Depuis 1945, une seule chose a changé dans notre jeunesse : on lui a chipé l'espoir. La ministre Dati s'emmèle dans les chiffres (et non, la majorité des mineurs incarcérés ne l'est pas pour des actes criminels !), et parle de "bon sens." Que se cache derrière ces déclarations populistes contre le jeunesse délinquante ? Deux cents jeunes criminels, dont une vingtaine d'ultra-délinquants. Les mineurs de moins de 13 ans représentent 0,3% des condamnés (en 2006). En 2007, 1,3% des 204 000 mineurs condamnés étaient condamnés pour des actes criminels (viols, vols à main armée, homicides, trafic, enlèvements). Tout ça pour ça ?! L'imposture sécuritaire est une propension bien connue à crier au loup quand les difficultés s'aggravent. Lundi, lors de sa journée de RTT, le président français a fait communiquer une réaction démagogique par les services de l'Elysée : il "comprend l'émoi suscité" par l'arrestation brutale au petit matin, jusqu'à la double fouille au corps, du journaliste Vittorio de Filipis. Il désavouait ainsi ses deux ministres Alliot-Marie et Dati qui justifiaient le matin même sur les ondes la légalité de l'opération. Pour un président qui use et abuse, comme certains élus de sa majorité, des plaintes en diffamation (SMS, publicité Ryanair, poupée vaudou), la situation est ... cocasse. Mardi, devant des médecins et infirmiers médusés, Sarkozy continuait son show liberticide : il a expliqué comment il comptait "sécuriser" les hôpitaux psychiatriques: caméras de surveillance, GPS pour suivre les malades hors des murs, nouvelles cellules d'enfermements, 200 chambres d'isolements, fichier des hospitalisations d'office, visa préfectoraux pour les sorties, etc. "Mettez vous à ma place." s'est-il excusé. Bienvenue à Gattaca. Le même jour, la justice infligeait un désaveu à la psychose gouvernementale : en libérant 3 des 5 suspects de la "cellule invisible" interpellés dans l'affaire des sabotages de caténaires de la SNCF, la justice reconnaît que la menace n'était pas ce qu'elle était. Mais combien d'erreurs judiciaires, de violences policières, de souffrances individuelles faudra-t-il endurer ? Relance : la précarité négligée Face à la crise, Nicolas Sarkozy a dû enfin annoncer ses plans : mercredi, l'aumone pour les "très pauvres," jeudi un plan général d'investissement et de trésorerie. Il voulait faire rêver, rassurer et consoler. Restons sérieux. Ramenons d'abord les sommes en jeu à l'échelle du pays : la dépense publique en France est de 1 000 milliards d'euros. Le chômage augmente désormais de 40 000 personnes par mois. Le nombre de bénéficiaires du RMI a cru de 10 000 en septembre dernier. En 2007, les Restos du Coeur ont distribué 91 millions de repas, 9 millions de plus que l'année précédente. Le nombre de personnes vivant en France en-dessous du seuil de pauvreté est évalué à 7,1 millions. Et le plan de Sarko dans tou