Les premières avalanches hivernales ont fait des dégâts. Surtout à mon porte-monnaie. Les compagnies discographiques balancent sur le marché toutes leurs nouveautés en même temps, juste avant les fêtes, espérant faire cracher au bassinet plus facilement les gogos dans mon genre. Et ça marche ! Mais je n’ai pas de regrets car j’ai fait quelques emplettes de qualité.
Comment vous dire ? Si on exclut Hendrix qui sera éternellement incomparable, Jeff Beck est pour moi le plus grand guitariste. Les sons qu’il tire de sa Fender sont extraordinaires et son toucher fabuleux et unique, surtout quand on a eu la chance de le voir sur scène comme moi et à différentes époques de sa carrière qui a abordé divers continents musicaux. Son caractère ombrageux et son intransigeance ont quelque peu terni cette carrière, dans le sens où elle n’a pas été propulsée sous les feux clinquants de la notoriété facile, le guitariste est connu de tous les amateurs et connaisseurs mais ignoré du grand public si on se réfère à Eric Clapton ou même Jimmy Page et pourtant… Ce nouvel album enregistré en public dans le fameux club londonien du Ronnie Scott’s est une pure merveille. Accompagné d’une formation basique, basse, batterie, clavier, Beck revisite un large pan de sa discographie, de Beck’s Bolero à Where Were You en passant par Led Boots. Album instrumental, sans aucun chanteur donc, la guitare magique fait des merveilles dépassant l’art guitaristique tel qu’on le conçoit habituellement, ici la six cordes geint ou pleure comme tant d’autres savent presque aussi bien le faire, mais en plus elle vous parle ! Ce qui explique qu’il puisse se passer d’un chanteur. Ni rock ni blues, bien qu’il y en ait quand même, proche du jazz, une musique sans nom servie par une guitare unique estampillée Jeff Beck « sans produits ajoutés ». Un must incontournable avec en prime une superbe reprise de A Day In The Life des Beatles s’il faut le préciser.
Alors que le Punk tirait à sa fin, un groupe Irlandais circa 1978 allait casser la baraque avec quelques singles d’une puissance incroyable et une poignée à peine d’albums (quatre je crois). Ce double CD est la compilation qui leur rend enfin hommage. Sur le premier disque 29 titres imparables portés par la voix extraordinaire de Feargal Sharkey au trémolo dans la lignée d’un Roger Chapman. Ca roule à cent à l’heure, de Jimmy Jimmy à Teenage Kicks (sacré meilleur single de tous les temps !) en passant par More Songs About Chocolate And Girls (quel titre !). Nous n’oublierons pas Wednesday Week, The Love Parade, My Perfect Cousin, It’s Going To Happen etc. Tout est bon chez ces cochons d’Irlandais. Pour enfoncer le clou ils nous ont mis un second disque de 27 autres morceaux, prises alternatives ou enregistrements live moins essentiels. Quand l’album se termine soit vous êtes KO soit vous êtes électrisés comme un épileptique prêt à sortir tout nu en courant dans les rues ! Je dédis cette chronique à mon ami Alain, fonce à la Fnac tu me remercieras plus tard.
Marc Ford n’est pas un inconnu surgi d’on ne sait où, du moins pour moi, puisqu’il fût guitariste des Black Crowes un groupe que je suis patiemment, une référence donc, mais c’est la première fois que j’écoute son travail en solo. Entouré d’une bande de potes, son groupe de scène, il nous donne un disque de rock/blues bien sympathique qui sonne comme du fait à la maison, sans concession à une mode quelconque. Rien n’est vraiment extraordinaire, les compositions ne sont pas toujours très bien foutues et il manque une voix digne de ce nom mais le disque s’écoute avec plaisir car on sent la sincérité des musiciens. Et puis il y a un harmonica, alors moi du rock/blues avec un harmo, ça suffit pour m’envoyer au paradis.