Le yoga, nouveau sujet de controverse autour de l'islam en Asie !
Le yoga est-il compatible avec l'islam? Non, ont répondu de hauts responsables musulmans en Malaisie, provoquant une polémique qui s'est étendue à l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde.
"Nous conseillons aux musulmans de ne pas faire de yoga (...) Cette pratique va affaiblir leur foi", a déclaré fin novembre Abdul Shukor Husin, qui préside le conseil national de la fatwa, la principale institution musulmane en Malaisie.
D'origine hindouiste
Il a mis en cause les origines hindouistes du yoga, qui trouve ses racines en Inde et comprend, sous certaines de ses formes, la récitation de mantras, formules sacrées d'invocation. Les déclarations d'Abdul Shukor ont aussitôt provoqué de fortes réactions en Malaisie, dont environ 50% de la population se réclame de l'islam mais qui possède aussi de fortes et influentes minorités indienne et chinoise. Le Premier ministre Abdullah Ahmad Badawi a tenté de calmer le jeu en invitant les musulmans à continuer à pratiquer le yoga tant que les exercices n'offraient pas une dimension spirituelle.
En Indonésie aussi
Le débat a depuis gagné l'Indonésie voisine, où le Conseil des Oulémas, la plus haute instance religieuse, a prudemment annoncé qu'il allait se pencher sur la question. "Si nous estimions que le yoga violait" les principes de l'islam, "nous pourrions décider la même ordonnance qu'en Malaisie", a indiqué à l'AFP l'un de ses responsables, Syarifuddin Abdul Gani. Mais, "pour l'instant, nous n'avons pas de problème avec les exercices physiques" du yoga. La pratique de cette discipline, dont l'objectif est la quête de l'harmonie entre le corps et l'esprit, a gagné en popularité en Indonésie ces dernières années, notamment après la grave crise économique de 1997-98.
"Avant tout un exercice physique"
L'apparition de la polémique a surpris de nombreux croyants, comme Muhammad Anis Matta, secrétaire général du PKS, l'un des principaux partis musulmans indonésiens. "Je fais beaucoup de yoga et cela ne m'empêche absolument pas d'être un bon musulman", explique-t-il. "C'est avant tout un exercice physique, que je conseille à tout le monde". Rafendi Djamin, de l'association Human Rights Watch à Jakarta, prévient que les Indonésiens "réagiraient négativement et se mobiliseraient" si le yoga était interdit aux musulmans, ce qui serait "contraire aux principes des droits de l'Homme". Pour certains commentateurs, cette controverse illustre le fossé qui se creuse entre les musulmans conservateurs, qui poussent pour une "islamisation" de la société, et une majorité des Indonésiens, attachés à un islam modéré et respectueux des principes laïques de la constitution.
Les conservateurs tentent d'islamiser la société
Ces divergences se sont récemment exprimées lors du débat parlementaire autour d'une loi de lutte "contre la pornographie", contre laquelle se sont élevés des musulmans modérés et les minorités chrétiennes ou hindouistes, notamment à Bali. Elles pourraient de nouveau apparaître en 2009 lorsque le Conseil des Oulémas se réunira pour examiner l'opportunité de bannir le tabac pour les musulmans. En Malaisie, une récente controverse a entouré une fatwa interdisant les relations sexuelles entre lesbiennes.
(belga/th)