Cary y est un savant foufou au regard vitreux, à la recherche de la formule d’un élixir de jeunesse, heureux en ménage (mais sait-on jamais quel démon de midi sommeille en chacun ?) et encouragé par un patron intéressé à la fois par les formidables profits qu’il pourrait tirer de la découverte et par les avantages qu’elle pourrait lui apporter personnellement – il faut dire que sa secrétaire a les traits et les formes de Marilyn Monroe, et ce n’est ni pour ses qualités de dactylo ni pour sa « ponctuation » qu’il l’a installée à ce poste…
Le film enchaîne à un rythme de plus en plus endiablé les gags qui accompagnent la régression des héros, le savant Barnabé et son épouse Edwina, rendus d’abord à leurs 20 ans, puis à leur enfance. Nuits de danse, défis idiots, courses folles, le rajeunissement leur restitue d’abord leur vitalité et leur malice.
C’est aussi la vanité des aspirations humaines qui est joyeusement moquée par le film : le Grand Secret ? ce sont les singes qui le détiennent, ces grands maîtres du jeu et de l’enfance. Redevenir jeunes, c’est d’ailleurs, pour les savants qui finissent par absorber la potion, se suspendre aux lustres et s’asperger, exactement comme le faisait Esther, le chimpanzé facétieux. Par ailleurs, comme le naturel des enfants détonne au milieu d’un conseil d’administration extraordinaire destiné à acheter à prix d’or la précieuse formule… comme l’enfance échappe aux petits calculs et aux hypocrisies… l’apothéose étant cet immense chahut dans le laboratoire, grand désordre et grands cris.
La leçon du film me convient parfaitement : la formule de la jeunesse consiste moins en une composition chimique qu’en un certain regard posé sur la vie et ses petits bonheurs…