C'est en tout cas ce que pense l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International de la perquisition menée jeudi dans les locaux de l'ONG russe Memorial à Saint-Pétersbourg. Des policiers masqués et armés ont confisqué les disques durs des ordinateurs, contenant les résultats de 20 ans d'enquête historiques sur les répressions staliniennes et le travail du critique d'art Alexandre Margolis, connu pour défendre l'architecture de la ville.
Cette perquisition aurait pour origine la publication d'un article jugé extrémiste dans le journal Novyi Peterbourg. Or, Memorial ne sait rien sur la rédaction du papier, ni sur l'hebdomadaire. Cela ressemble donc un faux prétexte. Iouli Rybakov, membre de cette organisation de défense des droits de l'homme, a ainsi déclaré à l'AFP : "la perquisition est à mon avis une simple vengeance de la part de l'ex-KGB après la projection il y a deux semaines dans nos murs du film d'Andreï Nekrassov "L'Emeute. L'Affaire Litvinenko".(...) Pour le pouvoir, l'affaire Litvinenko [l'ex-agent russe empoisonné au polonium en 2006 à Londres] est un sujet délicat. Memorial a osé montrer ce film et voilà leur réponse", a-t-il ajouté.
Selon Amnesty International, il y a eu des violations du Code de procédure pénal russe pendant la perquisition car aucune liste des objets saisis et du contenu des disques durs n'a été dressée et l'avocat n'a pas été autorisé à être sur place, ni aucun autre témoin.
"C'est la première fois que les forces de l'ordre nous touchent aussi fort. Même en Tchétchénie et dans l'Ingouchie voisine, on n'a pas vu d'actions du type de celle de jeudi à Saint-Pétersbourg", a déclaré à l'AFP Alexandre Tcherkasov, un des responsables de Memorial à Moscou.
Source : Droits de l'homme en Russie et le Monde