Leo avait tout bien préparé pour le Saint Nicolas («On dit pour Saint Nicolas», avait rectifié Julie). Bricolé des loupiotes pour lui indiquer le chemin de l’appartement (Julie lui avait assuré que Saint Nicolas connaissait le code de l’immeuble). Mis sa botte bien en évidence, avec à côté une soucoupe de sel et une carotte pour l’âne (Julie lui avait assuré que l’âne pourrait grimper fastoche les trois étages). Bref, tout était prêt pour signaler au Saint Nicolas («à Saint Nicolas») que ce que Leo désirait le plus recevoir (en plus des traditionnelles mandarines), c’était un Transformer.
Julie avait bien tenté de lui expliquer que Saint Nicolas trouverait Leo sans doute trop petit pour un Transformer et qu’il apporterait probablement autre chose. Mais Leo «sentait» que le Saint Nicolas («que Saint Nicolas») allait lui offrir un Transformer. Il le sentait d’ailleurs «tellement fort» que Julie a flippé et discrètement supplié Marc d’aider Saint Nicolas à se procurer un Transformer. «Je refuse», a asséné Marc. «Mais on peut pas!, a soufflé Julie. Si tu voyais les loupiotes, la carotte, le sel…» «C’est de ta faute. Tu lui a tellement bourré le mou avec Saint Nicolas l’ami des enfants qu’il délire.» «Mais c’est important, la tradition.» «Ouais mais je crois pas que le Transformer soit prévu par la tradition. Enfin, je vais voir ce que je peux faire.»
Ce matin, au lever, Leo s’est précipité au salon. Le sel et la carotte avaient disparu! Et ce paquet qui dépassait de sa botte, ça ne pouvait être que le… Leo s’est hâté de déchiqueter l’emballage et d’en extraire… le papa Noël Playmobil. D’abord stupéfait, Leo s’est aussitôt ressaisi pour vociférer rageusement: «Je déteste le Saint Nicolas! Je veux plus jamais voir le Saint Nicolas! Je donnerai plus jamais rien au Saint-Nicolas!» Julie s’est mordu les lèvres pour ne pas rectifier.