Dans le plan de relance de Sarkozy, il y a des lignes de TGV mais pas de lignes de métro

Publié le 05 décembre 2008 par Jean-Paul Chapon

Quatre nouvelles lignes de TGV, de nouvelles rames pour les transports collectifs, mais pas de rocade de métro de banlieue dans le plan de relance présenté hier par le Président de la République, Nicolas Sarkozy. D’une certaine façon, on peut le comprendre, tant règne une triste confusion dans ce dossier qui pourtant devrait être la priorité numéro un pour l’agglomération parisienne. Et il faut avouer que même pour un pro de la communication comme notre omni-président, démêler les fils de l’écheveau des futurs projets et tracés, Orbival, Métrophérique, Arc-Express, Tangentielles, semble demander un traitement aussi brutal que jadis pour trancher le nœud gordien.

On se souvient de la réflexion de Michel Camux, le nouveau préfet du Val-de-Marne, lors du colloque de Nogent « si en plus il y a trois projets… » Et dans le style, moins j’y comprends, plus j’en parle, il faut absolument lire le savoureux billet de Gurvan Le Guellec dans ParisObs de cette semaine, qui aurait d’ailleurs mérité plus de place. On se souvient que le peu loquace Christian Blanc, le secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale, lors de la présentation de son projet pour le Plateau de Saclay avait annoncé que le « cluster » scientifique serait desservi par un métro ultramoderne entre Versailles et Massy, via les champs. Répondant aux doutes sur la viabilité du projet exprimés par ParisObs, Christian Blanc répond, « j’avais le choix entre passer pour un con ou être malhonnête auprès des élus. J’ai préféré la première solution. Oui, il y aura bine un métro souterrain, mais bien sûr qu’il s’inscrira dans un projet beaucoup plus ambitieux. » Quel projet ? C’est Valérie Pécresse, la ministre de la Recherche, mais en la circonstance surtout la candidate à la candidature UMP aux régionales qui vend la mèche, expliquant à ParisObs que Christian Blanc, travaille sur « un projet extraordinaire qui fait rêver tous les habitants, d’un métro ultramoderne à grande vitesse Orly-Roissy, via Massy et Versailles. » Relier Orly au Sud-Est de Paris à Roissy au Nord-Est, en passant par Massy, plein Sud et Versailles, Sud-Ouest de la capitale, pour sûr, le projet de Christian Blanc est extraordinaire, et Valérie Pécresse, ministre de la Recherche, devrait peut-être en profiter pour prendre des cours de géographie, et commencer par s’acheter une carte de la région avant la campagne électorale ;-).

Plus sérieusement, il y a une autre lecture à ces bouts d’informations, jetés parcimonieusement par les uns et les autres, au plus grand mépris du débat démocratique et surtout des intéressés. On voit à travers ce Roissy-Orly via Massy et Versailles, se dessiner une boucle, à coup de tangentielles, ces liaisons en grande couronne portées par la SNCF en opposition à Métrophérique, et si chères à Jean-Paul Huchon, le président de la Région Ile-de-France, dont on connaît l’opposition à Métrophérique. Ce dernier aurait-il réussi à convaincre Christian Blanc, qui avait annoncé ses réserves sur Métrophérique, la solution de métro de rocade portée par la RATP et son président Pierre Mongin,défendue par les tenants de Paris-Métropole auquel Huchon adhère du bout des lèvres. et dont Orbival semble être la première concrétisation ? La région a bien inscrit Arc-Express dans le SDRIF, mais avec tant de mauvaise volonté, comme on l’a encore vu la semaine dernière.

Pourtant comme l’écrit Sibylle Vincendon dans Libération aujourd’hui, à propos du projet de tram-train de surface en grande couronne soutenu par la SNCF et de celui de métro souterrain de la RATP en petite couronne, « les deux sont en fait assez complémentaires. Mais il est douteux qu’on trouve assez de financements pour tout réaliser. » Certes les financements ne sont pas faciles à trouver, mais pourquoi les trouve-t-on pour quatre lignes de TGV et pas pour donner à la première métropole européenne des moyens de transports en commun digne d’une métropole de 11 millions d’habitants, et qui génère près d’un tiers du PIB du pays ? Cela ne mériterait-il pas de faire partie du plan de relance ? Améliorer et moderniser le matériel, c’est bien, mais le problème est plus encore lié à l’amélioration des infrastructures et à la nécessité de donner une réponse de « l’ampleur qu’ont eu en leur temps l’invention du métro plus celle du réseau express régional, le RER ». Patrick Devedjian, le nouveau ministre de la relance, qui déclarait en juin dernier aux Assises de la Métropole « La première chose, c’est de mettre les territoires à égalité. C’est-à-dire rechercher l’égalité en matière d’accès aux transports et aux voies de circulation qui sont les vrais vecteurs de la richesse. Certainement, et je suis d’accord avec ce qu’a dit Claude Bartolone à l’instant, les conseils généraux comme les communes voient très bien les lignes qui sont nécessaires, non seulement pour la vie quotidienne de chacun, mais aussi pour générer du développement économique » devrait ne pas être insensible à cette proposition… au moins pour le deuxième plan que d’aucuns prédisent déjà !

à suivre…

ps : La carte des rocades provient de l’article de Sibylle Vincendon dans Libération daté du 5 décembre 2008. Je mettrai un lien vers l’article dès que Libération l’aura mis en ligne, ce qui prend désormais pas mal de temps…

Jean-Paul Chapon