Enfin ! Il aura donc fallu attendre l’aggravation historique de la récession dans la zone euro pour que la BCE se décide à voir la réalité en face et à agir avec vigueur.
Dans ce cadre, la baisse du taux refi de 75 points de base aujourd’hui constitue assurément une bonne nouvelle.
Pour autant, il n’y a aucunement de quoi sauter au plafond. Et ce pour au moins trois grandes raisons. Primo, l’actuel assouplissement monétaire de la BCE mettra, comme d’habitude six à neuf mois pour agir sur l’activité. Autrement dit, la récession eurolandaise restera d’actualité au moins jusqu’en juin prochain. Ce qui se traduira donc par une récession de plus d’un an, du jamais vu en Europe depuis l’après-guerre.
Secundo, comparativement aux actions extrêmement vigoureuses de la Fed et de la BoE, la BCE reste bien timide et fait ainsi figure de “petit joueur”. Et ce d’autant que les pseudo-risques d’hyper inflation tant annoncée par la BCE il y a encore peu de temps ont été remplacés par des risques de déflation.
Tertio, malgré un niveau de 2,5 % (contre encore 4,25 % début octobre), le taux refi reste encore loin de son niveau optimal en fonction de la récession et de la désinflation actuelles et à venir. Avec une croissance a 0,7 % et une inflation de 1,5 % en moyenne annuelle en 2009 (hypothèses plutôt optimistes), ce taux optimal (dit aussi taux Taylor) est de 1,1 %.
Dans ce cadre, nous anticipons que la BCE continuera de se faire violence et baissera son taux refi à 1,75 % d’ici le printemps prochain, ce qui constituera un plus bas historique depuis la création de la BCE. L’euro baissera alors sous les 1,20 dollar et la croissance eurolandaise pourra progressivement repartir à partir de l’été-automne 2009. Mieux vaut tard que jamais.
Marc Touati