Retour en Islande

Par Anne Onyme

Retour en Islande - Ólafur Jóhann Ólafsson

Seuil, 296 pages

Résumé:

Disa s’apprête à retourner dans son Islande natale après vingt ans d'exil en Angleterre, où elle dirige de main de maître les cuisines de sa belle auberge. Préparatifs, repas d'adieux, dernière inspection de la maison et des objets familiers, transfert en voiture, traversée en mer, chaque étape de son voyage ouvre les vannes à un flot de souvenirs que sa vie si bien ordonnée avait pu lui faire croire enfouis. Au fil de constants allers et retours dans le temps se dessinent son enfance en Islande, son apprentissage passionné de l'art culinaire, ses premières amours avec Jakob, le juif allemand qui mourra dans un camp de concentration, ses années au service d'un banquier dont le fils lui fera un enfant qu'elle sera contrainte d'abandonner à la naissance. C'est ce fils à présent adulte qui motive le voyage de Disa ; se sachant condamnée par une terrible maladie, elle veut le voir avant de mourir.

Mon opinion:

Décidément, la littérature Scandinave me séduit de plus en plus. Je ne saurais dire ce qui m'a plu dans ce roman, trouvé au hasard. J'ai aimé l'écriture, très belle et un peu triste à la fois. J'ai aimé la construction du roman, qui fait état de la vie de Disa à travers ses souvenirs proches ou lointains. Les chapitres nous racontent ce qu'elle est, dans le désordre. Rien n'est chronologique et pourtant, je ne m'y suis pas du tout sentie perdue pendant ma lecture. Au contraire. L'auteur maîtrise à merveille ce style d'écriture et on se laisse guider au fil des pages. Les chapitres sont courts, remplis d'extraits de lettres, d'anecdotes, de rencontres, de petits instantanés de la vie de Disa, de son enfance à son apprentissage en cuisine, jusqu'à l'ouverture de son auberge. La description de l'endroit me fait rêver. Tout dans l'écriture transpire la nature et les paysages Islandais avec, toujours, une pointe de tristesse... La vie de Disa n'a pas toujours été facile et pourtant, l'auteur nous offre tout de même un très beau roman...
Un très beau roman, que j'ai lu lentement, avec l'envie qu'il se prolonge encore un peu...

Quelques extraits:

"La cheminée résonne des crépitements familiers du feu, et l'arôme des pommes au four d'hier soir flotte encore dans la cuisine. Le ciel s'éveille. J'aperçois une vague roseur à l'est. Ma chienne semble avoir pressenti mon départ. Au lieu d'être allongée les yeux clos devant le foyer selon son habitude au petit matin, elle me suit partout dans la maison. Je suis la seule debout, ayant mal dormi comme chaque fois que j'ai failli entreprendre ce voyage. Cette fois-ci je suis bien décidée. Quoi qu'il arrive, je ne me permettrai pas de changer d'avis maintenant."
p.9

"Je crois que les hommes redoutent la mort plus que les femmes. Personnellement, je ne crains pas la fin. Advienne que pourra, je ne serai guère informée à ce sujet. Après la mort, seul le vide m'accueillera. En d'autres termes, je ne m'attends pas à trouver quoi que ce soit de l'autre côté, pas même un semblant d'obscurité, juste le néant, le rien. Certes, je serais plus que ravie si le Tout-Puissant m'envoyait une brochure du Paradis (l'autre destination possible m'intéresse moins), offrant de belles photos et des descriptions détaillées des délices qui nous sont réservées, à nous les élus. Mais n'ayant jamais reçu pareil message, par courrier ou en rêve, je devrai sans doute me résigner à l'idée qu'à la mort succédera le néant."
p.64