De l’usage du microscope…

Publié le 03 août 2007 par Timothée Poisot

D’après la remarque tout d’un ami, je suis devenu un “chasseur de monogènes, digènes, et autres saloperies de vers”. Ce n’est pas tout à fait exact, dans la mesure ou je me concentre sur les monogènes, et que j’ai vu aujourd’hui plus de crustacés qu’autre chose, ce qui (soit dit en passant) ne m’arrange pas… Il se trouve qu’en plus de “chasser” (c’est plus sportif qu’il n’y paraît) ces monogènes, une partie de mon travail consiste à les identifier. Et que ce n’est pas forcément marrant…

Lamellodiscus sp., le ver que je traque sans répit. Pour la petite histoire, cette photo a été prise en collant un vieil appareil numérique sur l’oculaire de la bino. Alors que trône fièrement sur ma paillasse de quoi faire de l’acquisition d’image. Mais que personne ne sait le mettre en marche…

Ce n’est pas vraiment un loisir nouveau pour moi, l’identification de parasites. J’en ai déja fait un peu (beaucoup) en République Tchèque. Mais pas de la même manière. Je m’explique.

Pendant mon premier stage, j’ai utilisé des caractéristiques morphométriques pour l’identification. Pour faire simple, j’avais un beau schéma avec des distances a mesurer, ce que je faisais au microscope, et je regardais dans un gros classeur à quelle espèce ça correspondait (ça, plus la morphologie générale, bien sûr).

Et en ce moment, alors? En ce moment, j’utilise uniquement la morphologie de certains pièces caractéristiques, notamment celles que vous pouvez voir sur le schèma ci-contre. Et les cotations sur le schèma, à quoi elles servent, alors? A prendre des mesures bien sûr, mais cette fois ci, pas pour identifier le parasite (je n’en dis pas plus pour le moment).

Donc, je me base sur la morphologie pour déterminer à quelle espèce je suis confronté. Et ça peut devenir un problème, parce que les microscopistes se sont un peu énervés quand ils ont fait la systématique. Et on se retrouve avec des espèces qui sont très proches (mais vraiment très), discriminées par des détails pas forcément flagrants.

D’ou une question importante: dans quelle mesure ces détails sont-ils du polymorphisme (comme nous pouvons avoir des organes de tailles et formes diverses), et dans quelle mesure sont-ils vraiment un marqueur de l’appartenance à une espèce donnée? Pour éxagérer un peu, si on raisonnait comme quand la classification a été établie, on devrait séparer les humains selon leur couleur de cheveux, la forme de leur nez, la vitesse de croissance de leurs ongles de pied, etc etc…

En clair, est-ce que toutes les espèces décrites sont, “biologiquement parlant”, des espèces? A ceux qui me proposent de les croiser pour voir la descendance, je dis (outre que c’est une bonne idée) que ces animaux sont hermaphrodites, ce qui va considérablement compliquer la manœuvre.

Voila, vous savez maintenant (presque) tout de la question que je me pose le soir avant de m’endormir…