Lettre ouverte de don Ivan Grubisic

Lettre ouverte de don Ivan Grubisic à Ivo Sanader

Ne supprimez aucun poste de travail productif mais plutôt cette multitude d'emplois inactifs dans l'encombrante et inefficace administration de l'Etat !

Cher Monsieur le Président du Gouvernement de la République de Croatie,

à Votre adresse, de même qu'aux autres dignitaires responsables, nous avions envoyé une lettre concernant l'action civique pour les Changements radicaux en février 2008. Vous nous aviez répondu au travers de la responsable de Votre bureau, Mme Katarina Fucak, que tout est "sous contrôle" et qu'en réalité les changements radicaux ne nous sont pas nécessaires. Maintenant que la crise financière a éclaté, nous sommes d'avis que, comme si réveillé d'un profond sommeil, vous répandez la panique et entreprenez des mesures de sapeur-pompiers, vous fondez un Conseil des sages. Ces mesures ont tout l'air du comportement du maître qui voulait couper la queue de son chien, mais non pas d'un seul coup sinon peu à peu afin qu'il ait moins mal.

Souhaitant apporter sa contribution, le Forum éthique et civique de Croatie s'adresse par cette lettre à l'opinion et à Vous, en tant que plus haut responsable dans ce pays, pour que vous vous décidiez à des changements radicaux dans notre beau pays : à la suppression de tous les privilèges, à commencer par le Parlement jusqu'aux communautés religieuses, par les politiciens jusqu'aux managers, et de l'argent il y en aura.

Vous avez dit avec justesse le jeudi 27 novembre que si nous continuions à nous comporter de la sorte, non seulement allaient être mis en question les salaires mais aussi les postes de travail. Ne supprimez aucun poste de travail productif mais plutôt cette multitude d'emplois inactifs dans l'encombrante et inefficace administration de l'Etat. Chez nous c'est l'administration de l'Etat si coûteuse qui dépense, comme vous le savez, plus de 50 pour-cent du Produit national brut. Il n'y a pas d'investissement dans la production, seulement l'entassement et l'embauche dans les institutions de l'Etat selon l'alignement et l'appartenance politique ainsi que les liens familiaux. Vous n'apostrophez pas pour la crise les coupables mais les travailleurs privés de leurs droits, les retraités, pour ne pas dire "le menu bétail". Cela suffit !

La Croatie est un petit pays, béni des Dieux par ses ressources, mais détruit par une reconversion injuste, par l'endettement qui, comme on le voit maintenant, montre que nous avons vécu cette période en décalage avec nos possibilités. Mais, maintenant, la crise peut signifier notre chance pour que nous changions notre fusil d'épaule, avec courage, et pour que non moins sagement nous mettions au point une stratégie de développement et permettions le fonctionnement de l'Etat à la mesure de chaque citoyen de la Croatie.

La chose a l'air paradoxal, mais le défi est justement de commencer à bâtir un Etat démocratique, social et juste, ce que nous n'avons pas fait jusqu'à présent. Il faut se décider à "l'intervention" qui n'est pas populaire, mais qui est la condition préalable à une future vie saine et normale en Croatie.

La situation est plus difficile que Vous le décrivez. Nous estimons qu'il ne faut pas verser dans la panique mais qu'il faut exiger de chaque citoyen une contribution responsable, la discipline, l'ordre et le travail, et non pas protéger la criminalité, la corruption, la flagornerie, l'oisiveté, l'immoralité, les privilèges, etc. Il faut demander que chacun donne sa contribution, car, si nous empruntons le juste chemin : la rationalisation, la décentralisation et une nouvelle division régionale de la Croatie, des changements dans la loi électorale et une réduction du nombre de représentants au Parlement et dans les ministères, nous serons en droit d'espérer un chemin long et escarpé. Mais nous pouvons et voulons surmonter les défis. Préservons notre chemin en un futur meilleur. Ne permettons pas que la Croatie devienne "Croatiakaos !"

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J'ignore où Ivan Grubisic est allé chercher cette dernière expression mais je suis d'accord qu'il est plus que temps de passer à des réformes structurelles. Pour l'instant, le gouvernement a eu recours à des mesures classiques tels que le gel des salaires (finalement refusé par les syndicats), ou à des mesures spectaculaires mais manquant de sérieux, le Premier ministre ayant donné le coup d'envoi en la matière pour être relayé par le président Mesic.

Source : H-alter, la lettre est datée du 2-12-08.