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Captivity

Par Rob Gordon
Roland Joffé n'a jamais été un très bon réalisateur, mais une Palme d'Or et des films respectables à défaut d'être appréciables semblaient l'avoir mis à l'écart du mauvais goût. Le bide mémorable (façon de parler) de Vatel en 2002 semble lui avoir fait très mal, comme un gros coup derrière la tête. C'est sans doute la seule façon d'expliquer pourquoi Joffé revient aujourd'hui avec l'inepte Captivity, énième ersatz de Saw, écrit avec les pieds par le désespérément prolifique Larry Cohen (qui, après un honorable Phone game, a notamment écrit Cellular).
Captivity raconte la séquestration d'une starlette et d'un beau gosse par un très vilain psychopathe, qui les contraint à passer toutes sortes d'épreuves humiliantes et dégueulasses (boire une décoction à base de doigts et d'yeux humains, tirer sur son propre chien, se noyer dans du sable...). Pourquoi? Pour rien. Au bout de deux tiers de film, quand Joffé en arrive à la phase explicative, on n'est pas plus avancé, désespéré par un manque total de psychologie et de motivations. Multipliant les gros plans disgracieux et posant sa caméra de travers pour obtenir des plans "originaux" (et c'est sûr, on n'a jamais vu ça ailleurs), Joffé se démène pour dissimuler la trou béant qui sert de scénar. Derrière tout ça, il n'y a même pas de machination grandguignolesque (ou si peu). Aucun plan machiavélique. Pas l'ombre d'une quelconque vengeance. Juste une accumulation de scènes consternantes et d'invraisemblances, qui font fuir les plus sensibles et provoquent l'hilarité des autres.
Tant pis pour Elisha Cuthbert, en quête incessante de crédibilité, qui pensait sans doute que Captivity allait lui donner l'occasion de montrer ses talents d'actrice et de se débarrasser de son étiquette Kim Bauer. Seule à l'écran pendant une bonne partie du film, elle n'a à aucun moment la carrure nécessaire pour faire passer la pilule. Pire, la moindre de ses gesticulations ressemble à un gag (notamment lorsque, les yeux recouverts par un bandeau et les mains libres, elle préfère avancer à tâtons plutôt que de simplement se découvrir les yeux). Sur la fin, on espère sincèrement que le film va aller toujours plus loin dans la bêtise et on se lèche les babines en espérant quelques retournements de situation bien pourris pour apaiser sa faim de nanardise. Peine perdue : pensant apparemment livrer un produit respectable, Joffé ne daigne même pas en rajouter une couche, rendant Captivity indigne des nanars les plus savoureux. Larry Cohen a 69 ans, Roland Joffé 62 ; il serait temps de penser à la retraite.
2/10

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