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Peut-on dégager un type anthropologique gaulois ? Autrement dit, y-a-t-il un "homme gaulois", comme il y a un "homme romain" et un "homme grec" ? Au-delà de l'aspect physique, dont nous avions déjà parlé, il semble bien que l'on puisse dessiner le contour d'un portrait, que les travaux historiques et archéologiques rendent toujours plus précis.
Quand on se penche sur leur histoire, il semble bien que le trait qui caractérise encore le mieux nos ancêtres est leur goût pour l’indépendance. Et le fait que ce goût soit leur valeur suprême conditionnera la conception qu’il se font de l’Etat : ils n’ont en effet aucune notion de centralisation politique ou économique. De plus, ils sont très hospitaliers, aiment à recevoir des étrangers à leur table et font montre d’une curiosité insatiable et d’une soif inextinguible d’apprendre à travers les questions dont ils les abreuvent.
Ils sont émotifs, imaginatifs et s’enthousiasment aussi rapidement qu’ils se découragent quand le sort semble les accabler. Vifs, ils sont accoutumés à prendre des décisions impulsives même quand les circonstances voudraient qu’ils prennent un peu plus le temps de la réflexion (rappelons-nous le serment des cavaliers gaulois, qui ne manque pourtant pas de panache, de traverser les lignes romaines à plusieurs reprises pendant une bataille de la guerre des Gaules).
Fiers et soigneux de leur personne, ils utilisent le savon (qu’ils ont inventé) et les fards, ils portent des vêtements bellement colorés, méprisent les ventripotents et goûtent fort les parures en tout genre.
Enfin, ils sont sensibles à la magie des mots et pratiquent habilement l’éloquence. On a d’ailleurs pu dire à ce sujet, que cet amour du verbe équilibrait leur individualisme « en ce que l’usage et la qualité du verbe sont l’antidote naturel à ce qu’il peut y avoir d’asocial dans l’individualisme ». Ils affichent aussi une extraordinaire confiance en soi, parfois même téméraire, une grande curiosité de l’avenir et une continuelle volonté de chercher ses limites. En corollaire et peut être à l’origine de la croyance selon laquelle la mort n’est pas la fin de la vie, ils refusent d’admettre toute espèce de mort et considèrent celle ci comme un défi à la volonté de s’élever sans cesse par delà toutes ces limites.
On a voulu d’autre part nous imposer l’image du Gaulois « buveur, vantard et querelleur » mais selon Pierre Lance (dans Alésia, un choc de civilisations), cette description traditionnelle a été transmise par « des chroniqueurs qui n’ont connu en fait de Gaulois que les soudards enrôlés dans les bas fonds de la populace par les nobliaux aventuriers ». Par ailleurs, cette image du Gaulois paillard doit beaucoup à une propagande élaborée en pays germanique, à la fin du Moyen-âge, pour décrédibiliser la puissance française, en exploitant les textes gréco-latins. Il y aurait donc là quelque imprudence à étendre ce jugement sommaire à tout un peuple. Evitons-donc de reprendre à notre compte l'expression "gauloiseries" pour désigner un comportement grossier ou excessif !
On rappellera aussi que César voyait dans les Gaulois le peuple le plus religieux du monde, ce que confirment largement les récentes découvertes archéologiques : des milliers de sanctuaires quadrillaient le territoire de la Gaule, les offrandes et dépôts votifs sont innombrables, le sacré était omniprésent dans l'environnement du Gaulois.
Bibliographie :
Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Guide Belles Lettres, Paris, 2005. idem, Nos Ancêtres les Gaulois, Seuil, Paris, 2008.
César, La Guerre des Gaules, Livre de Poche.
Pierre Lance, Alésia. Un choc de civilisations, Presses de Valmy.
Revue Druvidia.Omios.