Edito. Transport aérien: du droit de la guerre à la guerre du droit

   Oeuvre de créatifs imprégnés du rêve technologique, le transport aérien a tôt quitté la phase de proto-aviation pour subir l'emprise de la souveraineté étatique. Dans un contexte de bellicismes exacerbés, la première guerre mondiale en fonde l'héritage militaire. Nouvel objet du droit de la guerre, le transport aérien a ensuite connu un développement phénoménal en tant qu'activité commerciale. Il a continué d'être un terrain d'excellence en terme d'innovation technologique mais ne devient que plus récemment celui d'une concurrence libre.

   Dans l'esprit du temps, il est gagné par des problématiques transversales portées par la société civile internationale - à commencer par la cause environnementale. Chacun de ces enjeux appelle des coopérations diverses presque autant, sinon d'avantage, qu'elle ne soulève des oppositions multiples. États, opérateurs économiques, mouvements citoyens et individus s'associent et s'affrontent au sujet du transport aérien par le truchement du droit. Alors qu'éclate une crise économique d'ampleur rare, les antagonismes pourraient s'accentuer.

   La compétition demeure entre transporteurs et entre acteurs de l'industrie aéronautique. Des économies émergentes maintiennent une stratégie d'acquisition de savoir-faire peu soucieuse de propriété intellectuelle. L'aviation d'affaire reste sur la pente ascendante mais nombre de compagnies low-cost ferment. Les gros transporteurs grossissent mais l'espace aérien reste limité tout comme les réserves de pétrole et, bien qu’ajustables, les capacités aéroportuaires.