Pour qui n’a pas totalement oublié les images d’Epinal, le 2 décembre est une date qui clignote , en tricolore, dans l’agenda perpétuel de l’histoire de France, l’évènementielle, la guerrière, celle dont le sang des ennemis vaincus abreuve nos sillons.
Avant que je doive m’excuser auprès de Jean-Michel LABONNE, le tout nouveau secrétaire de la section PS de CLUNY, pour mon absence à sa première réunion , programmée ce 2 décembre, j’avais déjà noté dans mon agenda, pour ce même jour : un conseil de discipline, un conseil d’administration et un conseil communautaire. Je savais bien que le tuilage serait fin et que, selon toute vraisemblance, il me faudrait, au mieux, concéder un léger retard lors de ma dernière échéance de la journée. J’avais d’ailleurs pris la précaution d’avertir de mon retard prévisible, notre secrétaire communautaire et mes collègues du bureau.
Bien m’en a pris puisque je n’abandonnai mes collègues matourins, au rituel moment de convivialité bourguignonne, qu’à 20h25… 5 minutes pour me transporter à Lournand, lieu de notre assemblée communautaire, distante d’environ 25 km, aurait nécessité que je troque ma Rosinante contre un nimbus 2000.
Un petit coup de fil pour annoncer la teneur de mon retard, démarrage, satisfaction béate à l’écoute de Radiohead, remémoration des points que j’aurais à présenter. Et puis, à mi parcours, sur la nationale 79, un boucan épouvantable, la direction qui donne de la gîte, désagréable sensation que la journée, de l’orange pénible vire au rouge critique.
Je me gare tant bien que mal sur le bas côté. Je fais le tour de Rosinante de cette f… bagnole. Ma roue avant droite est à plat. L’affaire se complique, attendu :
1. que je ne suis guère adroit
2. que je n’ai jamais changé la moindre roue sur le Picasso.
3. que personne ne semble décidé à s’arrêter pour me venir en aide, en dépit de mon magnifique gilet fluo, de mes feux de détresse et de ma bonne mine.
Nouveau coup de fil au Président, coup de fil à la maison. Recherche de la documentation, trouvage de la clé qui permet de dévisser l’écrou qui permet de libérer le panier qui maintient la roue de secours et… rien à faire. Outil mal foutu, biceps insuffisants, volonté qui fléchit, énervement qui croît.
Je ferme l’auto. Je traverse prudemment la 79. J’entre dans la station service dont je me suis approché, en roulant prudemment itou sur la jante. Je suis mal reçu par le maître du lieu qui m’informe que, ni lui, ni ses employés ne peuvent me venir en aide. Un type costaud, qui règle à la caisse une bouteille d’eau me dit qu’il veut bien m’aider… lui !
“Pas sympa le patron !” me lâche-t’il. Contrairement à lui, qui, routier, ne pourra vraisemblablement guère l’éviter, je me dis que je ne reviendrai pas … même par hasard !
Il prend un gilet dans son bahut, une lampe de poche et un air qui me redonne confiance en l’avenir. Je remets mon gilet à l’endroit et nous nous rendons au chevet de la roue. Il a bien fallu toute la bicepsitude de cette aide providentielle pour qu’on finisse par venir à bout de ce boulon de malheur et qu’enfin ma roue crevée vienne gésir dans mon coffre.
Eperdu de gratitude et de soulagement, j’ai demandé au routier sympa comment je pouvais le remercier. Il a répondu qu’il me suffirait de le laisser partir parce qu’il allait bientôt être en retard et que ça lui faisait plaisir de rendre service. Chouette, non !
Un coup de fil au 26, pour rassurer tout le monde et… arrivée à Lournand. Je me lave les mains et entre enfin dans la salle du conseil pour m’entendre dire par certains : “Montre tes mains !!!”.
En ce 2 décembre 2008, pour moi, c’était morne plaine.
Epilogue :
hier, j’ai dû procéder au changement des deux pneus avant. Le mécano m’a dit : “vous avez dû en baver pour changer votre roue. Il a fallu qu’on attaque la vis de serrage du panier au chalumeau, tellement c’était grippé. L’ingénieur qui a pondu une pareille fixation n’a pas de quoi être fier” !
L’image du routier costaud et sympa, c’est pas une légende. J’en ai croisé un.