Le moins que l’on puisse dire est que, pour le président français, les vacances d’été sont profitables. Pendant que beaucoup de ses concitoyens sont en vacances, Sarkozy travaille, travaille comme un fou. Travaille peut-être un peu trop.
C’est ainsi qu’aujourd’hui le groupe européen d’aéronautique et de défense EADS a confirmé la vente pour 168 millions d’euros de missiles Milan (Missile d’infanterie léger antichar) à la Libye. Pays dans lequel, Cécilia Sarkozy a arraché la libération des infirmières bulgares il y a environ une semaine. Il semblerait aussi que Nicolas Sarkozy et Kadhafi aient conclu un deuxième contrat pour un système Tetra de communication radio à hauteur de 128 millions d’euros. Enfin cerise sur le gâteau : nos deux protagonistes ont signé le 25 juillet un accord sur la fourniture d’un réacteur nucléaire civil rendant énergétiquement possible la désalinisation de l’eau de mer. Bref, les affaires militaires de la France fonctionnent comme toujours à plein régime.
Si l’on peut envisager que Tripoli ait besoin d’énergie pour désaliniser son eau de mer, on se demande bien à quoi vont servir les missiles Milan et le système de communication radio ?
On peut aussi se demander comment cela se fait que la France accepte de livrer clé en main une centrale nucléaire civile à la Libye, alors que, parallèlement et dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU, la France est prompte à proposer des sanctions contre l’Iran pour son activité nucléaire ? Kahafi serait-il un doux pacifiste par rapport au président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son guide suprême l’ayatollah Ali Hossein Khamenei ?
On peut se demander encore quel est le rapport entre la probable rançon versée à la Lybie pour la libération des infirmières bulgares et ces juteux contrats ?
On peut se demander toujours, par quel heureux hasard ou dans quel but stratégique Seif el-Islam Kadhafi, le frère du colonel dictateur révèle-t-il cette affaire de contrat une semaine après la libération des infirmières bulgares ?
On peut enfin se s’étonner de la bonne fortune que représente pour Nicolas Sarkozy cet accord qui profite à EADS, une société dont l’actionnaire principal est Arnaud Lagardère, le même Lagardère qui a viré le directeur de Paris-Match, Alain Genestar, accusé d’avoir publié des photos de Cécilia Sarkozy et de son amant d’alors.
Un vrai vaudeville, mais en pas drôle, avec des compromissions politiques même pas cachées, des dessous-de-table qui s’échangent dessus et des renvois d’ascenseur à faire pâlir Schindler.