Atterrissage sans douceur hier matin : fini le Sénégal, retour à Paris pour quelques années.
Dans le couloir bien frais qui nous permet de passer de l'avion à l'aéroport, un adorable petit bonhomme blond qui faisait partie du lot de toubabs rapatriés s'écrie : "maman, elle est
drôlement froide la clim' ici !" C'était juste la température extérieure... J'arrive au contrôle de police, puis au contrôle de douane, un sourire cynique aux lèvres en pensant à la remarque du
petit, mais l'esprit embrumé par une nuit trop courte. Après passage au "scanner" de mes valises, on m'annonce qu'on va les fouiller.
Je sais bien ce qu'ils cherchent : la cocaïne, le Sénégal étant devenu une plaque tournante du trafic. Et je sais aussi que certains trucs de ma valise doivent les intriguer. Mais je suis une
fille sage, moi, j'ai la conscience tranquille. Le douanier fouille consciencieusement. Il s'intéresse beaucoup à des sacs et des boîtes dans lesquels j'avais mis... des mangues (!!), et encore
plus à mes boîtes de thé, surtout le matcha... C'est de la poudre, pas vrai ? Il fourre quasiment son nez dedans, mais mince alors, elle est pas blanche, mais verte ;-)) et elle sent l'épinard
;-))))) Heureusement qu'il n'avait pas de chien pour renifler tout ça, hein ?
Voilà. Un jour plus tard, toujours un peu déphasée, pas encore nostalgique, quoique... J'ai paradé longuement dans mon boubou flambant neuf, que je ne mettrai sans doute jamais hors de chez
moi, et que j'ai fini par troquer contre un jean et un pull. Brrr, quel froid...
Fini le soleil éclatant, le ciel bleu azur, les couchers de soleils flamboyants. Adieu aux oiseaux qui
peuplent le jardin et l'animent de leurs chants, rythmant le lever et le coucher du soleil.
Finies aussi les coupures d'électricité et d'eau, les pannes incessantes qui rendent le quotidien si... différent.
Bye bye, circulation anarchique, odeurs pestilentielles, amoncellements d'ordures, "moucheries" (étals de viande ainsi
rebaptisés par mon homme), chantiers et travaux qui défigurent la capitale sénégalaise (en attendant
celle que le président projette de faire bâtir de toutes pièces....)
Adieu, épaves motorisées ou non, roulantes ou non, étalages de marchandises improvisés jusque sur le toit des voitures...
Adieu, élégant(e)s drapé(e)s ou moulé(e)s dans des boubous de wax ou de bazin colorés, petits talibés en guenilles venant mendier une pièce, femmes chargées d'enfants, de bassines, de paquets,
faisant la lessive en pleine rue.
Adieu, "bana-bana", démarcheurs à domicile et livreurs en tout genre, adieu palabres qui durent des heures, marchandages permanents, pour le prix du kilo de patates comme celui d'un bel objet
d'art.
Vous savez quoi ? Je suis passée chez Starbucks tout à l'heure (ne soupirez pas... je sais que c'est navrant !). J'ai trouvé
un brin ridicules les hommes en costume-cravate et attaché-case, les parigotes-fashionistas en pleine opération soldes... Me serais-je aggravée dans le genre intellote bêcheuse et ayatollesque
dans ses jugements ? Ou suis-je devenue une dadame BCBG version néo-colo ?
Bon je vais refaire une valise, demain je quitte la vie parisienne pour une parenthèse bourbonnaise, le temps d'un mariage germano-vichyssois : vrai de vrai ! Rassurez-vous, cette alliance n'est
pas suspecte, les tourtereaux votent à gauche...