Ce long week-end à Zurich m'a propulsée dans un monde diamètralement opposé à celui que je fréquentais il y a trois semaines à peine. Hormis pour la température, carrément africaine (l'humidité en moins). Tout ça à 4h30 de Paris à peine, grâce au TGV-Est. Sans décalage horaire, mais avec un gros décalage linguistique. Même les Allemands ont du mal à s'en sortir en Suisse alémanique. Pour ma part, il m'a fallu deux jours pour identifier la façon locale de dire bonjour (Gruezi).
Tout le monde sait que la Suisse est opulente (surtout quand on arrive de Dakar...),propre, les gens sont disciplinés (ce qui sonne comme un reproche dans la bouche d'un Français). Je ne vais pas vous faire un reportage photos à l'appui. La vieille ville est très coquette, maisons fraîchement repeintes, fenêtres débordant de géraniums, natürlich, ruelles pentues où se nichent quelques jolis coins de jardin, le lac plein de beaux bateaux, des boutiques d'antiquaires et des ateliers d'artisans, le tout sur fond de sommets enneigés. Bref, il n'y a pas que la Bahnofstrasse et ses enseignes de luxe, les Jaguars et autres voitures de collection qui déboulent au coin des avenues, les banques, etc.
Vous vous attendez sans doute à un couplet sur mes expériences gastronomiques. Mais je n'ai pas grand chose à raconter. Je me suis nourrie, et plutôt médiocrement. De toute façon, dans les colloques, on carbure principalement au café et au thé, ça permet de garder quelques récepteurs en activité, surtout à partir du 3e jour de conférences. Et les musicologues ne sont pas tous de grands gastronomes, loin s'en faut. Portée par ma tendance asociale et une certaine désinvolture face au travail, je me suis pas mal échappée pour arpenter la ville, profiter du soleil ou me réfugier dans un endroit frais selon l'heure de la journée, avec comme en-cas une petite barquette de fruits frais. Une bonne idée que ces petites portions de pastèque, d'ananas, ou d'autres fruits, voilà un truc que je n'ai encore jamais vu en France, mais qui gagnerait à être développé, alors qu'on n'arrête pas de nous dire qu'il faut manger « 5 fruits et légumes » par jour.
Le marchand de fruits qui propose ces barquettes vend également des cocktails préparés à la demande ou presque, et des fruits de saison à la pièce ou au kilo, comme chez le primeur. Evidemment ces fruits prêts à consommer sont infiniment meilleurs que les salades vendues sous opercule dans nos enseignes de restauration rapide, car ils sont mûrs à point et sont débités au fil de la journée et non deux ou trois jours avant.
Grâce à ce marchand, qui est là de 9h du matin à 9h30 le soir environ, j'ai pu me régaler de morceaux d'ananas, de mangue, de brugnons, de pastèque, de melon, de cerises ou de raisin quand bon m'en semblait. Quelle bonne idée, comment n'y a-t-on pas pensé plus tôt ? Ces barquettes d'environ 250g sont vendues 4 CHF (soit environ 2,40 €) pendant la journée mais "soldées" en début de soirée à 2 CHF (1,20 €). Je trouve que même le "prix fort" n'est pas excessif (surtout pour la Suisse !!).
Pour continuer dans la veine fraîcheur, puisque Paris est encore sous le soleil, voici une recette de sorbet à la mangue (et oui encore des mangues !) ultra simple mais incroyablement bluffante. Sa texture est tellement agréable qu'on pourrait croire qu'il s'agit d'un sorbet fait par un professionnel : pas dur comme du béton, mais dense et velouté sous la langue, pas du tout cristallisé, avec juste ce qu'il faut d'acidité. Le tout sans stabilisateur ni glucose atomisé ni gélifiant... A vrai dire j'ai réalisé ce sorbet totalement au pif les premières fois, mais au fil du temps j'ai peaufiné la recette, et elle ne m'a jamais joué de mauvais tours.
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600g de chair de mangue mûre à point, à température ambiante (pour que le sucre se dissolve rapidement)
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100g de sucre
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5 cl de jus d'orange sanguine ou de jus « trois agrumes » (type Tropicana...)
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½ c. à café d'acide citrique ou le jus d'un demi citron jaune.
Le jus d'orange et l'acide citrique (ou le citron jaune) relèvent le goût un peu douceureux de la mangue. A Dakar je me servais d'acide citrique (que l'on trouve en poudre ou granulés) parce que je ne trouve pas toujours de citrons jaunes. Le citron vert est très bon aussi mais il est moins acide que le citron jaune. Son goût est plus marqué, donc immédiatement reconnaissable. C'est pourquoi je préfère utiliser de l'acide citrique plutôt que de mettre du citron vert dans le sorbet à la mangue.
On mixe le tout le plus finement possible. On fait prendre en sorbetière. On réfrigère 8 heures minimum avant de consommer.
A la place du jus d'orange, on peut mettre de la pulpe de fruits de la passion pour faire un sorbet mangue-passion, c'est tout aussi délicieux. Le maracuja apporte cette note acide qui manque à la mangue.