Une première en Isère : des enfants raflés à l'école
Bonsoir,Hier s'est produit un fait très grave à l'école du Jardin de Ville, à Grenoble.
A 15h45, un père de quatre enfants (un moins de trois ans, deux scolarisés en maternelle et un en CE1 à l'école du Jardin de Ville) est venu, accompagné de deux policiers en civil, chercher ses enfants, pour "un rendez-vous en préfecture", ont compris les enseignants. A 19h, on apprenait que la famille au complet était au centre de rétention de Lyon. Ils y ont dormi. Ils étaient injoignables hier soir. On a réussi à les joindre tôt ce matin aux cabines téléphoniques du centre de rétention (qui, rappelons-le, est une prison). Ils étaient paniqués.
On a prévenu le centre que la CIMADE, seule association ayant le droit d'entrer dans les centres de rétention, irait voir la famille ce matin. Arrivés au centre, les militants de la CIMADE les ont cherchés, sans succès : la famille était en route pour l'aéroport, leur avion décollant une demi-heure plus tard. Nous n'avons rien pu faire, nous attendions que les militants des la Cimade comprennent la situation de la famille, afin de pouvoir les aider en connaissance de cause. Ils ont été expulsés ce matin. Leurs chaises d'école resteront vides. C'est une première en Isère : la traque des étranger-e-s pénètre dans les écoles. Les seuls enfants en situation irrégulière sont ceux qui ne sont pas à l'école.
Nous vous demandons de bien vouloir faire circuler cette information le plus largement possible. Personne ne doit pouvoir dire "on ne savait pas".
Merci,
Emmanuelle, pour le Réseau Education Sans Frontières 38Ecole des Métiers du Gers
Lundi 17 novembre 2008, 10h.3o
(récit de Patrick Poumirau, professeur témoin des faits)
Descente musclée de la gendarmerie dans les classes. Je fais cours quand, tout à coup, sans prévenir, font irruption dans le lieu clos de mon travail 4 gendarmes décidés, accompagnés d'un maître-chien affublé de son animal. Personne ne dit bonjour, personne ne se présente. Sans préambule, le chien est lancé à travers la classe. Les élèves sont extrêmement surpris. Je pose des questions aux intrus, demande comment une telle démarche en ce lieu est possible. On ne me répond pas, j'insiste, on me fait comprendre qu'il vaut mieux que je me taise.
Les jeunes sont choqués, l'ambiance est lourde, menaçante, j'ouvre une fenêtre qu'un gendarme, sans rien dire, referme immédiatement, péremptoirement. Le chien court partout, mord le sac d'un jeune à qui l'on demande de sortir, le chien bave sur les jambes d'un autre terrorisé, sur des casquettes, sur des vêtements. La bête semble détecter un produit suspect dans une poche, et là encore on demande à l'élève de sortir. Je veux intervenir une nouvelle fois, on m'impose le silence. Des sacs sont vidés dans le couloir, on fait ouvrir les portefeuilles, des allusions d'une ironie douteuse fusent.Ces intrusions auront lieu dans plus de dix classes et dureront plus d'une heure. Une trentaine d'élèves suspects sont envoyés dans une salle pour compléter la fouille. Certains sont obligés de se déchausser et d'enlever leurs chaussettes, l'un d'eux se retrouve en caleçon. Parmi les jeunes, il y a des mineurs. Dans une classe de BTS, le chien fait voler un sac, l'élève en ressort un ordinateur endommagé, on lui dit en riant qu'il peut toujours porter plainte. Ailleurs (atelier de menuiserie-charpente), on aligne les élèves devant le tableau. Aux dires des jeunes et du prof, le maître-chien lance : « Si vous bougez, il vous bouffe une artère et vous vous retrouvez à l'hosto ! »Il y a des allées et venues incessantes dans les couloirs, une grande agitation, je vois un gendarme en poste devant les classes.
J'apprendrais par la suite qu'aucun évènement particulier dans l'établissement ne justifiait une telle descenteLa stupeur, l'effroi ont gagné les élèves. On leur dira le lendemain, dans les jours qui suivent qu'ils dramatisent. Ils m'interrogent une fois la troupe partie, je ne sais que dire, je reste sans voix. Aucune explication de la direction pour le moins très complaisante.
Je comprends comment des gens ont pu jadis se laisser rafler et conduire à l'abattoir sans réagir : l'effet surprise laisse sans voix, l'effet surprise, indispensable pour mener à bien une action efficace, scie les jambesEnsuite, dans la journée, je m'étonne de ne lire l'indignation que sur le visage de quelques collègues. On se sent un peu seul au bout du compte. Certains ont même trouvé l'intervention normale, d'autres souhaitableJe me dis qu'en 50 ans (dont 20 comme prof), je n'ai jamais vu ça.
Que les choses empirent ces derniers temps, que des territoires jusque là protégés subissent l'assaut d'une idéologie dure Ce qui m'a frappé, au-delà de l'aspect légal ou illégal de la démarche, c'est l'attitude des gendarmes : impolis, désagréables, menaçants, ironiques, agressifs, méprisants, sortant d'une classe de BTS froid-climatisation en disant : « Salut les filles ! » alors que, bien sûr il n'y a que des garçons, les félicitant d'avoir bien « caché leur came et abusé leur chien ». A vrai dire des marlous, de vrais durs n'auraient pas agi autrement. C'est en France, dans une école, en 2008. Je me dis que ces gens-là, les gendarmes, devraient accompagner les gens, les soutenir, qu'ils devraient être des guides lucides et conscients. Au lieu de ça, investis d'un drôle de pouvoir, ils débarquent, on dirait des cow-boys, et terrorisent les jeunes
Mercredi 19 novembre 2008
Collège de Marciac (32 Un papa un peu bouleversé et très en colère !
J’ai eu cette semaine un mail concernant une descente de police dans un lycée du Gers ...On a pu entendre aussi le témoignage sur France inter. J’étais absolument abasourdi par les méthodes utilisées....Mais vous savez parfois on se dit que les gens exagèrent dans leur témoignage....Bref je reste interrogateur ! Mais voilà que ce WE, j’accueille ma fille Zoé -elle a 13 ans- de retour du collège de Marciac.... Elle me raconte son mercredi au collège....colère à l’intérieur de moi.... révolte...... que faire ?
J’ai demandé à Zoé d’écrire ce qu’elle me disait là. Elle a acceptéVoici donc son témoignage, avec ses mots à elle :
« Il nous l’avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3èmeCe mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profsA peine 10 minutes plus tard - nous étions assis-, deux gendarmes faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde !?? » . Elle n’était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain , la porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes... Enfin non, pas exactement !!! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire ( le dresseur de chien en fait !) et un gendarme très grosLe chauve nous a dit : « Nous allons faire entrer un chien ! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas ! Quand il mord, ça pique ! »Enfin il a dit ça, à peu près... Je me rappelle surtout du« Quand il mord, ça pique !
Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant : « Sortez mademoiselle, avec toutes vos affaires ! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est apprêtée à sortir mais le dresseur l’a repris vite : « Et ton manteau ! »Elle a rougi et emporté aussi son blouson.Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s’empresser de me faire sortir. Dehors m’attendait une petite troupe de gendarmes... Enfin, non, pas dehors : nous étions entre deux salles de classe.Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent fini, ils s’emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je n’étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme
Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et cherchait dans mes doublures.La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les personnes qui l’entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe.C’était à mon tour ! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regards des deux autres gendarmes.....
Je décris : Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme : « On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier ! On ne sait jamais... » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle ! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte !
Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas !!!!!!Je dis à l’intention de tous « C’est bon arrêtez, je n’ai rien !!!! » La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m’a dit : « tu peux ranger ! ».J’ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donner le nom du village où j’habite.De retour en classe, la prof m’a demandé ce qu’ils ont fait. Je lui ai répondu qu’ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j’ai eu du mal à me consacrer au math !Tout ça c’est ce que j’ai vécu mais mon amie dans la classe à coté m’a aussi raconté Le chien s’est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au même traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l’ont carrément emmené à l’internat où nous dormons. Le chien s’est acharné sur toutes ses affaires m’a t-elle dit. Le gendarme lui a demandé si elle connaissait des fumeurs de hash, vue qu’ils ne trouvaient rien. Elle leur a simplement répondu que le WE dernier elle a assisté à un concert !Le CPE l’a ramené ensuite au collège et elle m’a raconté.Après les cours, le principal a rassemblé tous les élèves et nous a dit que bientôt allait avoir lieu une prévention pour tout le monde. Une prévention ? Avec des chiens ? Armés comme aujourd’hui ?Une élève de 4ème nous a dit que le chien s’est jeté sur son sac car il y avait à manger dedans. Elle a eu très peur.
Les profs ne nous en ont pas reparlé....Ils avaient l’air aussi surpris que nous ! Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question. Que se passe t il ?Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n’ont pas été directement concernés ! » Zoé.D.R Qu’en pensez vous ? Que dois je faire ? Qui parle de violence ?Il me semble important d’écrire ici que ni personne du collège a juger important de communiquer sur ces faits( ???). Nous sommes lundi 24/11/2008, il est 15h30 et si Zoé ne m’en avait pas parlé, je n’en saurais rien. Combien de parents sont au courant ? Les enfants « victimes » -et je pèse ce mot- de ces actes sont en 4ème et 3ème. Ils ont donc entre 12 et 14 ans ! Je n’en reviens pas...
Frédéric
Un autre exemple récent des méthodes actuellement en cours dans la police
Un ex-PDG de Libération brutalement interpellé à son domicile
RECIT
Du jamais vu dans une affaire de presse: le journaliste Vittorio de Filippis, qui a été directeur de la publication de Libération de mai à décembre 2006, a été interpellé à son domicile pour une banale affaire de diffamation. Récit.
Recueilli par Eliane Patriarca
- Quand il arrive dans les locaux de Libération, ce vendredi peu avant midi, il a encore la trace des menottes au poignet. Journaliste économique, actuellement membre de la direction du journal, Vittorio de Filippis a été PDG et directeur de la publication du journal de mai à décembre 2006. Il vient de passer plusieurs heures, d’abord au commissariat de police du Raincy (Seine-Saint-Denis), la commune où il réside, et plus tard dans la matinée de ce vendredi au tribunal de grande instance de Paris. Avant d’être mis en examen. Il est pâle, fatigué, outré.
«J’ai été réveillé vers 6h40 ce matin par des coups frappés sur la porte d’entrée de ma maison, raconte-t-il. Je suis descendu ouvrir et me suis trouvé face à trois policiers, deux hommes et une femme portant des brassards, et j’ai aperçu dans la rue une voiture de police avec un autre policier à l’intérieur.»
Les représentants de l’ordre lui disent qu’ils ont un mandat d’amener au TGI de Paris contre lui. «J’imagine tout de suite que cela concerne la période de cogérance durant laquelle j’ai été PDG et directeur de publication de Libération en 2006, et je pense à l’affaire Xavier Niel, du nom du fondateur de Free, le fournisseur d’accès à Internet, parce que c’est tout simplement l’affaire la plus récurrente parmi toutes celles dont j’ai eu à répondre comme directeur de publication. Et celle qui a suscité le plus de contacts avec les avocats de Libération, Jean-Paul Lévy et Emmanuel Soussen.»
Xavier Niel a déjà attaqué plusieurs fois en diffamation Libération et le journaliste Renaud Lecadre, auteur d’articles dans le quotidien et sur le site liberation.fr, évoquant les démêlés judiciaires du fondateur de Free.
Vittorio de Filippis a chaque fois été convoqué par la justice car sa responsabilité est engagée: l’article 42 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 dispose que le directeur de publication d’un journal est «l’auteur principal» du délit de diffamation publique envers un particulier alors que le journaliste auteur du papier incriminé n’est que «complice».
Mais Xavier Niel et la société Free ont été déboutés systématiquement, lors de procès qui se sont tenus au deuxième trimestre 2008. A chaque fois, ils ont en plus été condamnés à verser des dommages et intérêts à Libération pour procédures abusives.
Ce matin, le ton est vite monté entre les policiers et le journaliste, celui-ci leur faisant remarquer qu’ils ont profité de son portail sans serrure pour pénétrer chez lui.
«Habillez-vous, on vous emmène», répliquent-ils en lui interdisant de toucher à son portable dont l’alarme-réveil se déclenche. «Je commence à m’énerver, raconte Vittorio de Filippis. Réveillé par le bruit, mon fils aîné, qui a 14 ans, assiste à toute la scène. Son frère, 10 ans, ne sort pas de sa chambre mais j’apprendrai par la suite qu’il était réveillé et a très mal vécu ce moment… Je dis aux flics qu’il y a peut-être d’autres manières de se comporter. Réponse devant mon fils: «Vous, vous êtes pire que la racaille!» J’ai juste le temps de rassurer mon fils, de lui dire que je ne suis pas un malfrat et que tout cela concerne le journal et qu’il est en train d’assister à une injustice. Je lui demande, en l’absence de ma femme qui est en déplacement, d’accompagner son frère à l’école et d’aller lui aussi en cours.»
Les policiers emmènent le journaliste au commissariat du Raincy.
7h10. Au commissariat, des policiers lui lisent les motifs de son interpellation. C’est bien de l’affaire Niel dont il s’agit et particulièrement d’un article du journaliste Renaud Lecadre paru sur le site liberation.fr. Après lecture du document, Vittorio de Filippis demande à plusieurs reprises la présence des avocats du journal. Réponse: «Ils ne seront pas là.» Vittorio De Filippis refuse alors de signer quoi que ce soit. «Je suis assis sur un banc, boulonné au sol, dont pendent plusieurs paires de menottes. Face à moi, affichée au mur, la Charte d’accueil du commissariat».
D’autres policiers demandent au journaliste de vider ses poches. Il s’exécute.
7h30. Trois policiers viennent le chercher, lui demandent de mettre les mains dans le dos et le menottent. Puis ils le conduisent à une voiture et prennent l’autoroute A86. Dans la voiture, les policiers se réjouissent de pouvoir «voir en vrai les bureaux de Navarro».
8h30. Vittorio de Filippis est emmené dans les sous-sols du TGI au dépôt, «quartier des hommes».
«On contrôle mon identité puis on m’emmène dans une pièce glauque, avec un comptoir en béton derrière lequel se trouvent trois policiers dont un avec des gants, précise Vittorio de Filippis.Derrière eux, un mur de casiers qui contiennent les effets des personnes «en transit». On me demande de vider mes poches, puis de me déshabiller. Dans mes papiers d’identité, ils isolent ma carte de presse et la mentionnent dans l’inventaire de mes effets. A aucun moment, jusqu’alors, je n’avais mentionné ma qualité de journaliste».
«Je me retrouve en slip devant eux, ils refouillent mes vêtements, puis me demandent de baisser mon slip, de me tourner et de tousser trois fois.»
Le journaliste s’exécute puis se rhabille, mais on lui a retiré ses lacets, sa ceinture, la batterie de son portable. et tous ses papiers et effets.
9h30. Les policiers l’accompagnent dans une cellule «qu’ils referment à triple tour».
«La pièce comporte une table, un rouleau de papier hygiénique, une paillasse en béton sur laquelle sont posées deux couvertures. Dans un recoin, j’aperçois un WC. Je m’asseois sur la table pour éviter les cafards et les mites.»
10 heures. Deux gendarmes viennent le chercher, et l’isolent à nouveau derrière un paravent en béton qui se trouve dans le long couloir bordé de cellules.
Ils lui demandent de se déshabiller complètement.
«Je signale alors que j’ai déjà été fouillé d’une manière un peu humiliante deux heures plus tôt et je refuse de baisser mon slip à nouveau. Bien que comprenant l’absurdité de la situation et mon énervement, ils me répondent que c’est la procédure et qu’ils doivent appeler la juge devant mon refus. Celle-ci leur répond que soit je respecte la procédure et dans ce cas-là elle m’auditionnera et je serai libéré; soit j’assume mes actes».
Le journaliste accepte donc de se laisser fouiller à nouveau, de baisser son slip, de se tourner et de tousser.
Rhabillé, il est menotté «mais cette fois avec les mains devant», et escorté par les gendarmes dans les couloirs interminables du TGI, jusqu’au bureau de la juge Muriel Josié, vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris.
10 h 40. Dans le bureau de la juge, les gendarmes lui retirent les menottes. La juge, qui «au départ», selon Vittorio de Filipis,«a l’air un peu gêné», lui signifie qu’elle l’a convoqué parce qu’elle a déjà procédé à de nombreuses convocations par courrier dans le cadre de l’affaire Niel et qu’il a toujours été «injoignable».
Le journaliste lui répond alors que, comme pour chacune des affaires qui concernent des articles écrits par des journalistes de Libération, il transmet les courriers aux avocats du journal. Et il demande alors à parler à ceux-ci. «La juge me demande leur adresse, puis me lit une liste d’adresses d’avocats dans laquelle j’identifie celles de nos avocats».
Puis Vittorio de Filippis refuse de répondre à toute autre question. La juge s’énerve, hausse le ton. Mais, en l’absence de ses avocats, le journaliste refuse tout échange verbal avec elle.
La juge lui fait signer le procès-verbal de l’entretien et lui notifie sa mise en examen pour «diffamation». Elle lui demande s’il sera joignable d’ici à la fin du mois de décembre.
Ensuite, les deux gendarmes reconduisent Vittorio de Filipis à travers les méandres des couloirs du TGI — «mais cette fois je ne suis plus menotté». Ils lui rendent ses papiers et ses effets. Et le libèrent.
11h30. Sur le trottoir devant le TGI, Vittorio de Fillipis appelle immédiatement les avocats du journal et la direction de Libération.
Aussitôt informée, la Société civile des personnels de Libération (SCPL, actionnaire du journal) dénonce, dans un communiqué,«ces méthodes inadmissibles». «La SCPL veut manifester sa solidarité vis à vis de Vittorio de Filippis, écrit-elle. Nous protestons auprès des autorités politiques et judiciaires. Nous demandons qu'une enquête soit ouverte sans délais sur ces méthodes.»
L’un des avocats de Libération, Me Jean-Paul Levy, dénonce les conditions de cette interpellation, «une première», selon lui, en matière de délit de presse. «Je suis l’avocat de Libération depuis 1975 et c’est la première fois que je vois un directeur de publication faire l’objet d’une interpellation et d’un mandat d’amener», déplore-t-il. «Je suis scandalisé que l’on inflige un tel traitement pour un délit qui n’est pas passible de prison».
La Société des lecteurs de Libération (SLL), «scandalisée par les méthodes employées par la police judiciaire et la magistrature dans une affaire de presse», s'associe à l'indignation et à la protestation de l'équipe.
Laurent Joffrin, PDG du journal et directeur de la rédaction, s'exprimera demain samedi dans la page consacrée par le quotidien à cette arrestation, sans précédent dans les annales judiciaires.
NDLR
Selon le bâtonnier des avocats de Paris la magistrate en charge de ce dossier aurait du être immédiatement dessaisie.
VIOLENCES POLICIERES
Interpellation musclée
à Mont-Saint-Agnan
NOUVELOBS.COM | 06.04.2007 | 10:36
Deux jeunes hommes se sont fait arrêtés de manière particulièrement violente par des policiers au cours d'un contrôle de voiture. un riverain a filmé la scène.
Deux jeunes hommes ont été arrêtés par des policiers mardi soir à Mont-Saint-Aignan, dans la banlieue de Rouen, une interpellation musclée filmée par l'occupant d'un immeuble voisin et diffusée jeudi 5 avril midi par France 3.Sur les séquences diffusées par France 3, on voit un policier plaquer la tête d'un des deux jeunes gens sur le toit d'une voiture. On distingue ensuite ce qui semble être des coups de pied donnés par des policiers à l'autre jeune alors qu'il est au sol.
Un chien est lâché ensuite contre lui. Enfin, on les distingue jetés sans ménagement dans un fourgon de police.
Garde à vue prolongée
De source policière, on indique que les deux personnes ont été interpellées au cours d'un contrôle pour conduite "apparemment" en état d'ivresse après un accident.
Elles ont été placées en garde à vue mardi soir pour outrages et rébellion. Cette garde à vue a été prolongée mercredi soir pour 24h00, a-t-on précisé de même source. "Nous sommes toujours dans cette configuration jeudi en début d'après-midi et non dans celle de fonctionnaires qui se seraient mal comportés", a-t-on ajouté.
France 3 a diffusé jeudi dans son journal de la mi-journée les images de cette interpellation, tournées par l'occupant d'un immeuble au pied duquel les violences se sont déroulées. Il a filmé pendant 40 minutes.
Mont-Saint-Aignan est une ville de la banlieue de Rouen qui n'est pas considéré comme "sensible".
Enquête administrative
Par ailleurs, le préfet de Seine-Maritime, Jean-François Carenco indique avoir saisi "le cabinet du ministre de l'intérieur aux fins qu'une enquête administrative soit diligentée par l'IGPN sur la consistance réelle des faits présentés (les images sont très floues) et sur les suites à y donner". Il rappelle qu'il appartient au procureur de la République "de diligenter une action publique s'il l'estime nécessaire".
Le préfet indique que, selon les comptes rendus de la police, "les individus en cause ont gravement agressé les policiers, ont proféré des menaces de mort inacceptables, tant à l'encontre des fonctionnaires de police que de leur familles". Selon lui, "la question qui se pose est celle de la proportionnalité de l'usage de la force face à une situation que chaque jour les fonctionnaires de police, dans des situations difficiles, sont amenés à engager en toute responsabilité".
Il affirme enfin que "les procédures de droit sont désormais à l'œuvre pour faire toute la lumière sur cet incident grave s'il est corroboré par l'enquête conduite sous l'autorité du procureur de la République".
NDLR
Faut il en rajouter ? Il est clair que tout ceci constitue une série de manquements graves aux droits élémentaires des citoyens et même des enfants maintenant ! A chaque fois les ministres concernés se sont empressés de déclarer que tout cela était parfaitement légal et normal.
Normal d'entrer avec des chiens dans une salle de classe ? A signaler que dans ce cas les chefs d'établissement ont obligatoirement donné leur accord. Ainsi que les autorités académiques et rectorales car dans de tels cas un chef d'établissement en réfère toujours à sa hiérarchie. Et plutôt deux fois qu'une. Bravo les fonctionnaires dociles ; en 1940 ils n'auraient pas fait tâche ! "- Moi un collabo ? Mais je n'ai fait qu'obéir aux ordres." Normal de rechercher la drogue dans un établissement scolaire alors qu'il est évident qu'on ne trouvera, éventuellement, que des consommateurs de drogue, et jamais des dealers ? Certes, il est plus facile quand on a un uniforme, une matraque et un chien de de jouer aux cow-boy dans une salle de classe plutôt que de s'attaquer aux vrais dealers, là où ils se cachent, et que tout le monde connaît. Même la police ! Normal de menotter un homme honnête devant ses enfants, de le déshabiller et de lui infliger une fouille au corps, pour un simple affaire de diffamation ? A ce compte là Tapie n'aurait jamais du sortir vivant de prison. Ah le beau pays que la France de Sarkozy où l'on terrorise les enfants mais où l'on offre 45 millions d'euros de dommages et intérêts (sic) à ce marchand de Tapie ! Et quelques milliards, sans garantie, aux banquiers en faillite. Sa femme dit de lui qu'il à 6 cerveaux. Je suis désolé mais il semble bien qu'il n'y en ait pas un pour racheter les autres. Cet homme là va réussir à nous faire regretter Chirac ! Un comble.
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