Profitons de la sortie de Leonera pour revendiquer haut et fort le droit de passer à côté de certains films. Il est très difficile de dire du mal du film de Pablo Trapero, qui explore avec dignité un sujet délicat - l'enfermement d'une femme. Avec sobriété, le cinéaste argentin filme chacune des étapes de la vie carcérale de Julia, bravement interprétée par Martina Gusman. On commence d'un point A (le drame de début de film, qui entraîne l'incarcération) et on n'oublie aucune phase pour arriver consciencieusement au point B (qu'on aura suffisamment de tact pour ne pas révéler). Le réalisateur énonce pas mal de vérités et d'interrogations sur la condition des prisonnières, notamment lorsqu'elles sont non seulement femmes mais mères. Un sujet qui occupera toute la deuxième moitié du film.
Mais voilà : il est donc parfaitement possible, une fois de temps en temps, de passer à côté d'un film. Ça peut être la faute du spectateur, qui se met tout à coup à penser à autre chose, à avoir envie d'aller faire des courses ou de se taper un hot dog (surtout pendant la séance du matin). On peut aussi attribuer une part de responsabilité à ces réalisateurs qui s'emparent de sujets inattaquables et les traitent avec une sobriété qu'on pourrait appeler du courage (parce qu'à l'inverse de Steve McQueen, personne ne peut accuser Trapero de tomber dans le procédé), mais qu'on peut aussi appeler de la tiédeur. Ça s'appelle Leonera, ça dure pratiquement deux heures, et ce n'est pas dans ces lignes que vous saurez s'il faut y aller ou non.
4/10