Le dimanche si ça me dit

Publié le 04 décembre 2008 par Chroneric

Etes-vous prêts à faire vos courses ou à travailler le dimanche ? C'est la grande interrogation de cette fin d'année 2008. Le débat n'a pas vraiment eu lieu sous l'air Chirac parce que c'était un président attaché à certaines traditions et d'un tempérament assez "terroir" finalement. Le président "pantouflard". Nicolas Sarkozy est plutôt attaché à on ne sait quoi, il a tendance à se comporter en américain pour certaines questions, particulièrement celle du travail le dimanche qui est de mise de l'autre côté de l'Atlantique, en plus du travail "24h sur 24". Le "working" président. Alors, faut-il à tout prix copier des modèles appropriés à des cultures et des mentalités différentes ?

Jusqu'à présent, pour faire ses courses, tout le monde s'accommodait avec les autres jours de la semaine, soit le soir soit le samedi. Et en fin d'année, quelques autorisations permettent à chacun de faire face aux dernières minutes et aux commerçants d'apporter un plus dans leur chiffre d'affaires. Les ouvertures exceptionnelles le dimanche, pratiquées jusqu'à maintenant, amènent du monde justement parce qu'elles sont exceptionnelles. Ouvrez tous les dimanches de l'année, et vous verrez que les journées seront longues pour les commerçants car cela serait banal. Les clients, étant donné qu'ils peuvent venir un autre dimanche, se diront "j'irai dimanche prochain !". Du coup, les commerces connaîtront moins d'affluence.

C'est l'exceptionnalité et l'originalité qui font que les consommateurs se déplacent dans les boutiques et non pas parce qu'ils en ont besoin. Pour les courses traditionnelles alimentaires ou d'équipement, ils y vont le reste de la semaine. A la rigueur, c'est l'habillement, la mode en général (y compris les accessoires) et autres futilités qui sortiront gagnants de cette loi (si elle est votée). Le dimanche c'est le jour où, pour se changer les idées, on achète son lecteur MP3, on renouvelle sa garde robe ou on change sa montre. C'est le jour des plaisirs et des délices. Les commerces sur les Champs-Élysées répondent tout à fait à ce critère. Les touristes de passage ne ramènent pas un pack de lait chez eux, ils vont au restaurant ou se fournissent en produits que j'appellerais "d'apparat" : vêtements, bijoux, parfums et autres souvenirs de France. Donc, prendre comme exemple cette avenue pour argumenter sur l'ouverture du dimanche est inadapté.

Côté commerçant, on est plutôt sceptique. Ouvrir le dimanche, donc un jour de plus, c'est avoir des charges en plus : salariés, électricité, frais bancaires, etc. Il faut véritablement s'assurer que le jeu en vaille la chandelle. Et puis, la problématique du moment ce n'est pas le nombre de jours d'ouverture mais le nombre de clients qui dépensent. Avec ce sacré pouvoir d'achat grignoté, nous sommes tous amenés à faire attention. Ce n'est pas parce que ce sera ouvert le dimanche que nous dépenserons sans compter. Le comportement sera le même : conversion en francs pour se faire une idée, calculatrice pour ne pas dépasser un budget, folies réfrénées. Ce que les commerçants demandent c'est du volume de ventes pas du volume d'heures. C'est toujours pareil, c'est une question de qualité et non de quantité, comme aimait nous rappeler notre professeur de Français en rendant une copie de dissertation.

Et enfin, ce qu'il ne faut pas négliger, c'est que le dimanche est pour un grand nombre de Français le seul jour de repos et de détente. C'est une occasion précieuse pour la promenade au parc, le séjour au ski, la visite chez mamie et papi ou même la sieste. Alors, oui, d'aucuns diront qu'ils peuvent remplacer un dimanche travaillé par un autre jour de la semaine. Youpi. Je vois bien l'employeur dire à ses employés : "Nous remplacerons le dimanche par le lundi, vous en profiterez pour penser à autre chose qu'au boulot". Ouais, mon gamin est à l'école, mon conjoint est à son travail et ma boutique préférée est fermée le lundi !

Il vaut mieux, je crois, en rester au fonctionnement actuel car le problème serait déplacé et non résolu. Gardons l'exceptionnalité des ouvertures dominicales et redonnons le moral aux consommateurs en dynamisant le pouvoir d'achat par des mesures plus efficaces.

"Ce qu'il y a de meilleur dans le dimanche, c'est encore le samedi soir", Gilbert Cesbron.